Si la première production de New Eden Orchestra remonte seulement à 2004, le noyau dur de la formation se connait depuis plus de 25 ans. Cette longue collaboration a certainement permis à "Vickings", leur nouvel album, de voir le jour malgré la disparition de Mike Lunn décédé pendant la phase d'écriture. Le groupe a alors pris la courageuse décision de poursuivre l'oeuvre de leur inspirateur et compléter cet opéra-rock.
Un rapide coup d'oeil à la formation vous permettra de constater qu'elle fait la part belle aux chanteurs. En effet, NEO se distingue par la volonté assumée de mettre le chant au premier plan et simplement l'embellir par des mélodies accessibles. Ce choix explique la faible durée des 9 premières plages, toutes enchainées, qui sont autant de tableaux au coeur de l'histoire contée sur la première partie de l'album. Les cinq dernières pistes quant à elles, sont indépendantes telle l'émouvante 'Final Peace' qui apparait sous deux interprétations, une incluant des paroles et des arrangements réalisés par le groupe à la mémoire de Mike Lunn, l'autre purement instrumentale. Cette dernière version constitue la dernière composition enregistrée par le musicien et clôture l'album.
Bien que le contexte soit plutôt sombre, l'album reste plutôt joyeux. La partie opéra-rock d'une durée de 28 minutes débute par un magnifique instrumental aux claviers qui raviront les amoureux du rock progressif des années 70, avant de vous laisser emporter par la belle voix de Heidi Engel. La musique oscille entre plusieurs registres, parfois médiéval, parfois oriental ou bien encore un peu jazzy et psychédélique. Le chant mérite une attention particulière pour être apprécié à sa juste valeur. En effet, le mélange des voix féminines et masculines et les choeurs donne une véritable profondeurs aux titres même si parfois une sensation d'être surjouée peut être ressentie.
Si la suite s'écoute d'une traite sans que l'auditeur ne s'en rende compte, les titres isolés ne sont pas en reste. 'Anytown' est certainement le passage le plus moderne de l'album et aurait certainement trouvé sa place sur un album d'Alan Parson ou d'Eric Woolfson. Au delà du simple effet émotionnel que constitue 'Final Peace', ces deux titres sont tout simplement magnifiques et enchanteurs. L'association du clavier et de la guitare classique fonctionne parfaitement et rend l'écoute apaisante.
Sans être l'album de l'année, "Vickings" sera une bonne surprise pour celui qui saura l'aborder. Pour ce faire il suffira de ne pas être réfractaire au son des années 70, au chant lyrique et surtout de prendre son temps. Au delà de l'aspect musical, cette galette constitue également un bien bel hommage d'un groupe à son guide et, à ce titre, il mérite tout notre respect.