Attendu au tournant par des légions de cyniques ne voyant en lui qu'un gadget auquel personne n'aurait eu l'idée de s'intéresser s'il n'était pas emmené par sa délicieuse chanteuse, Huntress livre enfin, après cinq années d'activisme au compteur, sa première galette. Celui-ci est-il à la hauteur du buzz entourant la promotion de ce qui n'est après tout qu'un modeste groupe américain dont il est en effet tentant de présenter son aguichante vitrine comme son seul atout ?
S'il n'est certainement pas l'incontournable que Napalm essaye de nous refiler, cet album est loin, très loin d'être aussi mauvais que certaines mauvaises langues ne manqueront pas de l'affirmer. Aux riffs et attaques réchauffés peut-être, ces morceaux trempent cependant dans le pur Heavy-Metal, tranchant et gentiment occulte, celui de Mercyful Fate et du Warlock de Burning The Witches dont Huntress est un peu l'héritier, quand bien même sa chanteuse, Jill Janus, n'a pas ni la classe ni le charisme de Doro.
Reconnaissons néanmoins que Spell Eater est bigrement efficace, proposant une collection de dix titres aux allures d'hymnes taillés pour le live. Tout cela est donc assez peu original, emballé avec un savoir-faire consommé, mais fait toutefois son trou dans la mémoire car on ne peut nier chez le groupe une capacité certaine pour pondre des lignes mélodiques et refrains imparables. "Spell Eater", "Night Rape" et bien sûr "Eight Of Swords", sans doute le meilleur du lot, illustrent cette qualité à leur manière, modeste mais généreuse.
De fait, l'écoute défile très vite et son guide demeure avant tout la jeune femme dont la puissance de la voix n'a d'égale que la beauté de la plastique. Jill porte sur ses frêles épaules ce Heavy Metal sombre et old-school, sinon défendu par des musiciens solides mais sans personnalité. Gageons que sans elle, Huntress n'existerait tout simplement pas. Est-ce une raison pour le bouder ? Certainement pas !
Spell Eater est donc à prendre pour ce qu'il est, c'est-à-dire un bon disque, ni pire ni meilleur qu'un autre, émaillé de chansons imparables mais non le Graal métallique que le label cherche à imposer. Ce qu'il a sans doute raison de faire puisque ça marche, Huntress attirant à lui un public de plus en plus massif...