C’est dorénavant dans l’hémisphère sud qu’une partie de l’avenir du métal progressif semble se jouer. On dénombre de plus en plus de groupes de métal progressif provenant d’Australie, qui offrent une relecture intéressante du style, entre respect des aînés et ambition de s’affirmer. Cette émergence s’est faite en parallèle d’une diffusion mondiale grandement facilitée par l’outil internet. Les flâneries nocturnes sur la toile amènent à de belles découvertes et le premier album de Kettlespider, Avadante, est l'une des plus récentes.
Le quintet compose une musique instrumentale onirique et très expressive dans laquelle la recherche mélodique est prépondérante. En cinq titres (en mettant les courts "Introduction" et "New Eyes" de côté), Kettlespider explore de nombreux territoires qui font d’Avadante un album très varié et passionnant de bout en bout. En ce sens, Kettlespider a parfaitement identifié la difficulté de composer uniquement en instrumental.
Les ambiances sont tour à tour atmosphériques, avec une forte parenté avec Oceansize ("Comatose"), heavy dans un style proche d’Haken et Dream Theater ("Discovery"), ou génératrices d’émotions rappelant les grandes étendues inhabitées, qu’elles soient désertiques ou spatiales ("Reflections"). Le rendu très aérien de la musique de Kettlespider est principalement développé par des tempi lents et une importante réverbération de la guitare.
Le côté ‘artisanal’ qui a accompagné l’enregistrement de certains instruments ne porte aucunement défaut au son général de l’album qui se révèle étonnamment limpide. Avadante est un premier album court mais qui démontre déjà tout le potentiel de cette formation mature et inspirée. Les références que l’on peut déceler ici ou là s’éclipsent rapidement derrière une vraie capacité à générer un son unique. L’écoute d’Avadante, avec toutes ces images liées à l’immensité qui surgissent, s’apparente à un voyage.