Après un "Mistress Of The Shadowlight" proposant un heavy metal symphonique bien fait mais somme tout assez classique, Secret Sphere nous revient avec ce "A Time Never Come", considéré par le groupe comme un de leurs albums les plus ambitieux.
Après une courte introduction narrative, l'album débute avec une mélopée de piano bien sentie. On sent très rapidement que l'effort de production est au rendez-vous par rapport au premier album. On sort du speed symphonique italien boosté à la mode allemande qui sévit au début des années 90. Pour autant, le clavier reste prépondérant, mais il s'appuie sur une guitare qui se veut plus lourde, plus puissante et plus tranchante également. Tous les morceaux bénéficient d'un refrain accrocheur, de mélodies travaillées et percutantes, à l'instar de 'Under The Flag Of Mary Read' ou 'Oblivion' qui font figurent de titres incontournables.
Même si certains morceaux lorgnent de façon plus marquée vers un style et une structure plus classiques, comme sur 'Lady Of Silence', l'album regorge de break, de ruptures, de passages plus calmes, pour rebondir sur des lignes de chant, de clavier ou de guitare imparables. Le propos est magistralement sous-tendu par une volonté permanente de revenir sans cesse à la mélodie, toujours la mélodie. Dès la deuxième piste, avec 'Legend', on a affaire à un titre énorme empli de bonnes idées et comportant un refrain puissant souligné par des chœurs. Secret Sphere s'autorise à de nombreuses reprises des atténuations d'intensité, des mélodies au piano délicieuses ou des soli de tous types, convenus ou plus originaux. Les structures sont également variées et changeantes ce qui suscite la curiosité de l'auditeur qui va de surprises en surprises, s'interrogeant sur l'évolution au détour de chaque phrase. Les transitions, généralement soignées, font de "A Time Never Come" un album particulièrement réjouissant et même enthousiasmant. De nombreux passages instrumentaux faisant parfois l'objet d'une courte piste, comme 'Emotions' ou 'Ascension', laissent libre court à ce sentiment d'écouter une œuvre un peu à part, très riche, et de participer à la construction d'une tragédie pleine de rebondissements.
On note une petite baisse de régime dans les dernières pistes, comme sur la ballade 'The Mystery Of Love' ou sur le progressif 'Dr Faustus'. Le seul regret réside dans le son de la guitare de Aldo Lonobile, un peu crunchy ou nasillard. Il manque d'envergure et de profondeur tout comme la voix de Roberto Messina qui manque de coffre par moments. Toutefois, ce vocaliste parvient à faire passer son sens aigu de la mélodie. Il est capable de nombreuses variations qu'il met au service de lignes travaillées et originales. Le clavier d'Antonio Agate est lui aussi varié et apporte ce qu'il faut de théâtralité et de l'atmosphère qui convient aux différents morceaux, sans parler des soli bien sentis dont il nous gratifie.
"A Time Never Come" aurait dû permettre à Secret Sphere de s'installer dans la cours des grands du métal mélodique. Il n'a rien à envier aux Rhapsody, Sonata Arctica ou autres Labyrinth. Le groupe adopte ici un style assez personnel qui le démarque de ses glorieux collègues. On a affaire ici à un très bon album, original dans sa conception ou sa structure, et frôlant la perfection dans sa recherche mélodique. La relative perte de relief des derniers morceaux ne nuit pas à l'ensemble qui peut être écouté en boucle sans lasser.