Présenter les français de Leaving Paris comme un groupe de Néo Métal serait sacrément réducteur. En effet, si c’est bien sous cette appellation que le groupe s’affiche, leur premier album donne à écouter une musique d’une densité et d’une richesse auquelle cette étiquette ne rend pas totalement hommage. Car sans être d’une originalité renversante, les héraultais sont parvenus à proposer avec ce “New Days” une palette de titres assez variée.
Sur un socle musical qui réalise un amalgame assez heureux entre Néo Métal et Grunge, le groupe brode et développe des titres interprétés de manière très convaincante, sans se laisser enfermer dans aucun des deux styles précités. Et même si l’ombre des Deftones ou de Soundgarden plane parfois sur cet album, les influences semblent avoir été convenablement digérées.
Ainsi, aux côtés d’un “The Soul Army”, dont l’intro est entièrement pompée sur RATM, auquel le groupe empreinte même sur certains passages le style des vocaux, on peut trouver un “My Moonlight” qui propose des harmonies plus apaisées et plus fouillées. On peut également opposer un “My Ocean” assez direct à des compositions plus atmosphériques, comme cela est le cas avec “Bring Your Life Further”, qui n’est pas sans évoquer le The Cure de la période Disintegration / Whish, ou bien avec la version acoustique de “Disruption” qui possède des accents renvoyant à Nirvana.
Le chant, en anglais et ne souffrant d’aucun accent franchouillard, est très agréable et supporte avec efficacité la musique, en adoptant successivement des phrasés rap, rauque, grandiloquent voire émouvant, contribuant grandement à accroître la densité et l’épaisseur du propos du groupe. Les guitares sont également un des atouts de Leaving Paris, sortant des gros riffs à la Korn ou bien distillant de très beaux soli, comme cela peut être le cas sur “No Substitude”. Et comme la basse, bien qu’un peu plus discrète, n’est pas en reste et se permet des incursions sur le devant de la scène (“My Moonlight”), on a ici affaire à un groupe complet.
Malgré l'absence de passages réellement agressifs qui ne feraient que donner encore plus de relief à l’ensemble ou la présence de quelques (très rares) titres qui à l’image de “Friendship Cycles” se révèlent un peu dispensable sous leur forme actuelle, Leaving Paris démontre ici une maturité et une densité artistique qu’il convient de saluer. Un disque riche qui mérite que l'on s'y attarde.