Peut-il y avoir une vie après le néant ? C'est clairement la question que peuvent se poser les amateurs de heavy métal pur et dur après que Manowar leur ai proposé un infect "Gods Of War" en 2007. Pour y répondre, le groupe américain a encore pris son temps. Il a entre temps réenregistré son album culte, "Battle Hymns", fin 2010 pour un résultat que l'on qualifiera d'oubliable et a vu le retour de Donnie Hamzik à la batterie 26 ans après son départ du groupe. 12ème album du groupe, "The Lord Of Steel" nous arrive après un processus de distribution et de promotion complexe, le disque étant d'abord seulement disponible en version digitale avec le magazine Metal Hammer en Juin 2012, avant que Manowar ne le ressorte en Octobre dans une version complètement retravaillée, comprenant de nouveaux arrangements, un nouveau mix et une nouvelle pochette. Malgré le côté ubuesque de la démarche, nous saluerons cette idée tant la version dite "Hammer Edition" était handicapée par un son indigne d'un groupe professionnel. Cette nouvelle édition, avec un titre de plus, est donc plus écoutable malgré un son toujours rugueux, démarche volontaire du groupe.
Manowar avait annoncé un retour aux sources et nous fait donc heureusement grâce des légendes nordiques, des runes et autres interludes multiples et variés qui avaient plombé son disque précédent. Malgré ces efforts louables, cet album ne retrouve pas le niveau de l'âge d'or du groupe. Il est certes bien meilleur que "Gods Of War", mais ne dépasse pas le niveau d'un "Warriors Of The World", lui-même banal. La bonne nouvelle vient du niveau vocal d'un Eric Adams, brillant, et sur lequel le temps semble n'avoir aucune prise. L'homme garde cette puissance et cette force mélodique qui font de lui un des grands chanteurs de heavy métal actuel.
Des titres comme "The Lord Of Steel", "Touch The Sky" - cette dernière mettant en évidence avec efficacité la basse de Joe De Maio - et "Born In A Grave" offrent de très bons refrains sur des mélodies fortes, avec ce côté épique qui fait la différence. On gardera aussi un "El Gringo" très sympathique, entrainant, fun et qui permet à Karl Logan de décocher de bons riffs et soli ainsi que "Righteous Glory", ballade épique dominée par le chant parfait d'Adams. A contrario, avec "Expendable" et "Annihilation", Manowar tombe dans la banalité et frise l'auto parodie. En effet, un morceau comme "Manowarriors" tient presque de la blague tant il est emprunt des pires clichés que les railleurs du groupe aiment à moquer. "Hail, Kill And Die", malgré une musique de qualité, suit cette ligne caricaturale bien trop empruntée par le groupe ces derniers temps.
"The Lord Of Steel" mérite au moins la moyenne puisqu'il nous ramène sur le devant de la scène un Manowar ayant retrouvé ses racines. Mais que les temps glorieux sont lointains ! De Maio et ses hommes n'ont plus vraiment le feu sacré, et même si sur scène Manowar reste une machine de guerre incontestable, rien ne permet de penser qu'il redevienne un jour le monstre épique, fédérateur et leader qu'il fut jadis...