Chacun le sait, nous sommes dans le siècle de la communication, aussi avons-nous appris (et souvent à nos dépens) à interpréter les messages enthousiastes que les fabricants de produits, d’une manière générale, nous font parvenir par les différents et multiples canaux qui sont mis à leur disposition. Ici, il est question de musique : natif de Chicago, Illinois, Scott Fischer, claviériste et chanteur de son état, livre avec son groupe Fischer’s Flicker son premier effort studio. “Katmandon’t”, est décrit sur le site officiel comme : une réalisation des plus éclectiques, et qui a su finalement trouver ses marques : le premier ouvrage de Fischer’s Flicker, Katmandon’t, est un assemblage inhabituel de bizarrerie et de musicalité qui place l’album (et le groupe) dans une classe à part.
Cela mérite bien une explication de texte. La bizarrerie dont il est ici question est probablement à rechercher dans la couverture de l’album, assemblage kitschissime de psychédélisme assumé que n’auraient pas désavoué un Jefferson Airplane ou un Lone Sloane au meilleur de leur forme. Par contre, la musique, elle, n’a rien de psychédélique ni même de bizarre. Le ton est bien plutôt dans un piano-rock souvent coloré de folk (‘Music is My Mistress’) et majoritairement très sage (‘Ex-Birthday’, le plus énervé des titres, fait encore bien molle figure). Le format des titres reste dans le système courant couplet - refrain, mis à part ‘Three Little Secrets’, dont l’ample ouverture aurait mérité un traitement instrumental moins plat (les claviers sont le plus souvent cantonnés au piano ...).
Pour ce qui est de l’éclectisme - qui se définit, rappelons-le, comme “ une méthode intellectuelle consistant à emprunter à différents systèmes pour retenir ce qui paraît le plus vraisemblable et le plus positif dans chacun, et à fondre en un nouveau système cohérent les éléments ainsi empruntés” - il paraît ici bien monolithique, l’inspiration restant fort monocorde tout au long de “Katmandon’t”. Et ce n’est pas la linéarité des arrangements qui viendra rompre la monotonie de l’écoute, le titre 8 ressemblant au titre 2 qui fait penser au 4 à moins que ce ne soit le 3 ... L’ensemble n’est pourtant ni vraiment mauvais ni désagréable à l’écoute, mais manque très cruellement de signature par rapport aux promesses d’originalité affichées par l’artiste : voix anonyme, section rythmique conventionnelle, arrangements convenus, c’est l’ennui qui finit par s’imposer.
Non, décidément, ces sirènes-là sont trop ordinaires pour les suivre aveuglément. Gardons nos ouïes bien ouvertes pour continuer à chercher les perles vraiment rares !