Le Black Metal à tendance symphonique ne pardonne ni l'approximation ni le manque de moyens. AevLord en a fait les frais avec ses deux premiers méfaits à l'accueil des plus mitigés et ce, malgré toute la sympathie que l'on nourrit à l'endroit de ce groupe d'île-de-France. Une carrière en pointillés où les albums alternent avec de longues phases de silence n'a pas aidé le groupe à s'imposer alors qu'il est actif depuis une bonne dizaine d'années déjà. Après un hiatus de cinq ans, The Nomad's Path succède à History Of A New Mankind. Permettra-il enfin à ses auteurs de s'extraire de l'ornière de la série B ?
Commençons par les choses qui fâchent, c'est-à-dire, la prise de son. Si d'incontestables progrès ont été réalisés à ce niveau, AevLord pâtit toujours d'un manque d'ampleur qui handicape ses ambitions. Or, celles-ci sont grandes, ce qui est tout à l'honneur de Julien le maître des lieux, à la fois chanteur et claviériste qui, en dépit des apparences n'a pas chômé depuis 2007, préparant ce troisième essai dans ses moindres détails. Ce travail de longue haleine s'entend tout du long de cet album truffé de compositions très bien écrites et bénéficiant d'arrangements idoines, telles que "His Majesty Pharaoh" que drapent des arabesques orientales, "Zenith" ou "The Marvelous Gems", perforé par un étonnant break presque jazzy.
Si les lignes vocales sont sans imagination, il n'en va pas de même des parties de claviers dont on sent qu'elles ont été peaufinées. Variées, tour à tour liturgiques ("Lost In Despair", "The Temple") ou plus atmosphériques ("Northern Lights"), celles-ci sont les arcs-boutant sur lesquels est bâtie cette sombre cathédrale désormais plus baroque que pompeux, laquelle renferme très certainement ce que AevLord a fait de mieux depuis ses débuts.
Mais le chemin du succès est encore long...