Encore inconnue du public français il y a un an, Beth Hart se révèle en Europe par le biais de "Don’t Explain", un album de standards du Blues partagé avec Joe Bonamassa. Pourtant, la belle américaine n’en est pas à son galop d’essai puisque "Bang Bang Boom Boom" est le neuvième album d’une carrière débutée en 1993. Glissant avec grâce et puissance entre Blues, Jazz, Gospel et même Rock, elle est la seule voix que Ian Gillan n’ai jamais acceptée à ses côtés dans un duo au sein de Deep Purple ('Haunted' en 2003), c’est dire !
Cet album se devait donc, après une telle exposition avec Bonamassa, de révéler sans se découdre en route, tout le spectre et l’univers de cette voix aussi envoutante dans l’émotion à fleur de peau que dans la plus grande rugosité. Et le pari est amplement tenu car, en dehors d'un ou deux titres plus consensuels ('Thru The Window Of My Mind'), la dame tatouée enquille les réussites. De la grande douceur de son intro à la puissance latente dans la voix quand la rythmique arrive, 'Baddest Blues' ouvre l'album avec un aplomb qui impose le respect. La voix de Hart, puissante sur le refrain, oscille entre légers trémolo, profondeur et grondements rageurs qui à chaque phrase, chaque mot, vous saisi à la gorge. Plus léger et jazzy, l'éponyme lumineux à la mélodie universelle possède un potentiel radio évident, comme le 'New Soul' d'une Yael Naim en son temps, et 'Better Man', plus Rock dans l'esprit, se déhanche avec classe dans ce paysage délicieux (on pense autant à Koko Taylor qu'au côté immédiat du 'This Love' de Maroon 5).
Le clavier Soul de 'Caught In The Rain' et l'orchestre Jazzy qui illumine le guilleret 'Swing My Thing Back Around' finissent déjà de vous convaincre qu'à moins de la moitié de l'album, Beth Hart possède une voix qui s'intègre avec brio aux multiples essences effleurées ici. Mélangeant la force d'une Amy Winehouse et l'émotion d'une Natalie Merchant ('With You Yesterday') au service de compositions réellement solides car associant l'adhésion immédiate à la richesse musicale, Beth Hart enchaine les coups de maîtres. 'Spirit Of God', immédiat mais jamais lassant, évoque le côté Gospel et Soul de l'artiste, alors que 'The Ugliest House Of The Block' se pare d'une touche Reggae bienvenue. Le fil rouge la dedans ? La voix de l'artiste bien sûr, mais aussi cette authentique âme Folk américaine toujours présente en filigrane.
Aux compositions très personnelles desquelles transpirent une sincérité et une émotion pure, tant dans le texte que dans l’interprétation, "Bang Bang Boom Boom" n’est ni plus ni moins qu’un sacré tour de force qui devrait apporter enfin à la dame le succès tant mérité. Car si Winehouse et Adele ont su conquérir le monde il n'y a pas si longtemps, Beth Hart peut aisément en faire autant sans faire honte aux inconditionnels de la vraie et bonne musique.