Pour les puristes, ce second méfait de Pestilence reste le meilleur de sa brève carrière, à tort ou à raison car le diptyque Testimony Of The Ancients / Spheres le surpasse de la tête et des épaules. Mais force est de reconnaître qu'il s'agit de son album le plus célèbre.
Sans doute y-a-t-il une part de nostalgie dans ce constat: nostalgie d'une période - la seconde moitié des années 80 - qui a vu l'émergence de la scène death metal au quatre coins du globe. Consuming Impulse et sa charmante pochette (le visage d'un homme bouffé par des centaines de fourmis) ne peuvent en effet que raviver des souvenirs chez tous les metalleux fiers de leur veste à patches, qui ont vécu cette ère bénie et révolue. Moulés dans leurs jeans, ils 'headbanguaient' aux sons vomis par Death, Morbid Angel ou Napalm Death. Mais ne juger un disque qu'à l'aune de l'époque qu'il rappelle, ce n'est pas forcément l'appréhender avec l'objectivité requise. Car s'il demeure supérieur à son prédécesseur, Malleus Maleficarum, lequel ressemblait trop à une copie de Death version batave, Consuming Impulse ne constitue en aucun cas la pierre angulaire de Pestilence.
Néanmoins, il s'agit d'un bon album, à la fois rapide et lourd comme un panzer lors de l'invasion de la Pologne. C'est peu dire qu'au bout des 37 minutes de ravage, il ne reste qu'un champ de ruine après son passage. Pas de quartier. Pas de prisonnier. Surtout, Pestilence commence à affiner son identité et à pétrir un death-metal qui n'appartient qu'à lui. Les influences floridiennes sont bien entendu toujours décelables, mais les Hollandais savent glisser des petites touches qui laissent déjà entrevoir quelle voie leur musique empruntera dans le futur, comme ce passage atmosphérique sur "Echoes Of Death" ou le temps de l'instrumental "Proliferous Souls".
Pas le meilleur album de Pestilence donc, mais une œuvre culte pour tous les amateurs de l'âge d'or du 'metal de la mort' à laquelle, vous l'aurez compris, on préfèrera cependant, à la fois, le virage complexe et technique des deux opus suivants (pour Mameli) et le Death rampant d'Asphyx (pour Van Drunen).