Après l'Amérique, l'Asie tente à son tour une invasion culturelle de notre vieille Europe. Revoilà donc nos amis nippons de Gérard prêt a subir les foudres de mon jugement mélomaniaque. Nous avions laissé ces braves adeptes de ELP et UK en pleine démonstration de puissance et de technique, cause de notre perplexité.
Sans vouloir vous alarmer, ils reviennent saturés de stéroïdes ! Le trio a embauché pour l'occasion un chanteur sur 3 titres. Profitons-en avant qu'il se fasse saké, car le problème de la voix fut par le passé un sacré sushi. J'arrête là ces tristes calembours juste ici pour vous mettre en bouche, et m'attelle derechef à cette chronique.
L'ouverture sur "Caravan On The Moon" ne déroge pas à la règle en démontrant une fois de plus l'impressionnante maîtrise instrumentale des musiciens. L'énergie implacable avec laquelle GERARD enchaîne les breaks, fait revivre en nous la mémoire des disparus UK. La deuxième partie du titre révèle un thème aérien splendide. La basse fretless et les arrangements typés japonais aux claviers, bercent d'un romantisme mystérieux une splendide monté progressive (Crimsonniène) dont nos amis ont le secret. L'absence de guitariste ne dérange en rien aux vues de la grande qualité des sonorités synthétiques entre violon, piano et orgue.
Tout le long du disque, on remarque le travail exemplaire de la section rythmique puissante, mélodieuse et complexe.
"Only The Light" nous fait découvrir le chanteur Alex Burnori à la voix plutôt agréable. Ce petit titre se démarque essentiellement par l'intervention instrumentale, la mélodie vocale manquant d'expressivité.
Heureusement, avec "Infinity", le groupe se rattrape grâce à une construction décousue vraiment originale alternant breaks démonstratifs et douce mélodie planante.
Arrive ensuite l'instrumental "Warning ! Warning" impressionnant de dextérité pour finir sur le splendide "Blue World", longue suite de 14 minutes.
Il serait dommage de passer à côté de "Power Of Infinity", véritable réussite d'un groupe méconnu aux qualités énormes. Tout les amateurs de Progressif (particulièrement ceux de UK, ELP et King Crimson) devraient être comblés par cette oeuvre sans défaut majeur. Les influences admirablement digérées et maîtrisées sont resservies à la sauce nippone et l'auditeur ne peut que s'incliner face à un tel étalage de talent. Seul regret, pour fêter ses 20 ans d'existence, GERARD aurais pu offrir un peu plus que 41 minutes de plaisir.