Wallpaper Poets est un groupe Belge qui trouve sa source en 1994, date à laquelle Gerd Willekens, membre fondateur, décide de monter un projet sérieux. Il commence à composer des fragments de ce qui deviendra plus tard « The Other Side Of Maybe Suite », il écrit le scénario, certains morceaux, et s'entoure de quelques musiciens afin de mener à bien ses ambitions. Outre le noyau dur de la formation, viennent s'ajouter des invités plus ou moins connus dans le monde du jazz contemporain comme Jack Van Poll ou Paul Van Laere. Cet album est donc le résultat d'un travail qui s'étale sur 18 années, une période qui a permis à l'album de vieillir... De mal vieillir en fait...
Gerd Willekens qualifie sa musique d'un croisement entre le rock progressif, le Jazz et la World Music, définition plutôt exacte puisqu'en effet, ces trois influences prédominent largement dans cet « Other Side Of Maybe Suite », même si l'aspect progressif se retrouve plus dans la forme, la construction de l'album que dans les éléments musicaux qui le composent (jeux d'échos entre différents motifs musicaux au sein même de l'album). Malgré tout, les clins d'oeils aux 70's sont nombreux : La première piste, 'Prologue : Journey's End' peut rappeler Jethro Tull avec cette partie de piano empreinte d'une certaine naïveté sur laquelle vient se poser une voix mi-chantée mi-déclamée qui ne renierait pas Ian Anderson ou Peter Hammill. De même, les choeurs de 'When The City Sleeps' ou la quasi intégralité de 'On The Eve of A Brand New Day' ont un côté très génésien période « The Lamb Lies Down On Broadway'. Tout cela n'est pas désagréable même si c'est réalisé avec moins de talent que les groupes cités.
Mais l'un des problèmes de cet album, c'est que le croisement des styles est bien mal amené malgré le potentiel de certains morceaux. Prenez par exemple, 'Morning Prayer-House Of Lies' : la coda (la reprise faite 2 morceaux plus loin est d'ailleurs inutile et ressemble fortement à du remplissage...) possède une ligne mélodique assez accrocheuse et une instrumentation progressive intéressante mais les éléments Jazz (touches de piano souvent dissonantes, saxophone mixé très en avant) et World Music (flûte et percussions en tous genres) s'incorporent mal dans ces ambiances et donnent un rendu brouillon et ennuyeux à tel point que ni les progueux ni les jazz-men n'y trouveront leur compte. Les compositions sont de plus gâchées par un son très vieillissant, rappelant la variété des années 90, complètement dépassé et qui donne un résultat extrêmement kitsch (la plupart des claviers ou la batterie électronique de 'The Blind God' qui, pour le coup est vraiment une faute de goût). Si vous ajoutez à cela des ambiances quasi-épiques avec des choeurs, des déclamations et des « grands pianos » donnant un côté grandiloquent voire prétentieux, une profusion de cuivres et de pianos dissonants et arythmiques ainsi qu'un chant loin d'être parfait, le tableau final ne parait guère reluisant.
« The Other Side Of Maybe Suite » est un album ayant des atouts mais dont la gestation a été trop longue. Certes, on passe quelques bons moments ('House Of Lies', 'On The Eve Of A Brand New Day', la deuxième partie de 'The Other Side Of Maybe'...) mais l'on s'ennuie la plupart du temps. A réserver aux aficionados de Jazz et de World Music qui n'ont pas peur d'une musique misant plus sur l'intellectuel que sur le feeling.