Malgré des qualités indéniables, "Wonderworld" a légèrement déçu: succédant à des classiques absolus il n'a pas été apprécié à sa juste valeur. Malgré tout, Uriah Heep ne ralentit pas le rythme et propose déjà son 8ème album, "Return To Fantasy". Dans l'intervalle, le groupe a dû se séparer de son bassiste après quelques enregistrements, Gary Thain ayant plongé dans la drogue sans espoir de retour et en succombant peu de temps après. Son remplaçant n'est pas un inconnu puisqu'il s'agit de John Wetton qui vient de jouer avec King Crimson et dont le talent n'est déjà plus à prouver.
Cet album va montrer un groupe soucieux de renouer avec un succès commercial qui s'étiole et de fait, la bande de Mick Box va sonner plus accessible, laissant un peu de côté les aspects plus alambiqués et heavy des premiers albums. Malgré tout, "Return To Fantasy" reste marqué du sceau du groupe: au chant, David Byron reste impérial malgré ses excès. Et surtout, Uriah Heep a l'excellent idée de débuter ce disque par un classique intemporel, un de plus. "Return To Fantasy" fait partie de ces titres qui marquent leur époque et la carrière d'un groupe. A lui seul, il illumine le disque, de son refrain épique qui donne le frisson à son riff parfait, guitare et claviers se mêlant avec efficacité, c'est un véritable coup de maître porté par le chant habité et chaleureux de Byron.
La suite du disque n'est pas du même calibre mais elle se laisse écouter avec plaisir. Place a été faite à un Hard typé rock de qualité, avec de bons morceaux aux mélodies soignées. Avec "Shady Lady", "Devil's Daughter" et "Prima Donna", Uriah Heep signe de belles chansons, faciles d'accès, bien chantées et jouées, typiques du rock mélodique de l'époque. Et même si certains regretteront l'ambition passée et les aspects plus progressifs, force est de constater qu'Uriah Heep est à son aise dans ce style plus commercial, le côté jazzy grand public de "Prima Donna" faisant bien son effet. Enfin, le bluesy "Your Turn To Remember" et les deux ballades, "A Year Or A Day" et "Why Did You Go", achèvent en douceur et élégance un album très soft et peut être moins riche, mais avec une belle âme. Outre cet aspect plus soft qui peut décevoir certains fans, nous apporterons également un bémol sur le titre "Beautiful Dreams" avec ses passages de claviers datés et pompeux dont l'utilisation trop fréquente plombe complètement l'ensemble.
Grâce à son seul titre éponyme, "Return To Fantasy" réussit l'exploit d'être reconnu parmi les grands disques d'Uriah Heep, alors qu'il est quand même inférieur aux classiques que sont "Salisbury" ou "Demons And Wizards". Cela étant, il reste un très bon cru du groupe et pas seulement grâce à "Return To Fantasy". Le Hard mélodique qu'il présente est de qualité et est parfaitement interprété. On sent quand même que le groupe a changé et ce disque marque en quelque sorte le début de la fin de l'âge d'or, la disparition de Gary Thain étant un détonateur et un présage de temps difficiles pour le géant britannique.