Peut-on pécher par excès d'ambition ? Oui et Eclectika en est, malgré lui, la preuve. Cela fait déjà quelques années que l'on suit cette modeste formation hexagonale dont Lure Of Ephemeral Beauty n'est que la troisième exploration (en plus de dix ans de carrière), guettant, en vain, le moment où celle-ci se décidera enfin à mettre un peu d'ordre dans sa musique bordélique, auberge espagnole qui voit copuler Black Sympho, chant de gargouille masculin, éruptions féminines théâtrales et concept cosmique en un ensemble pas toujours très digeste, fleurant bon le joyeux amateurisme.
Eclectika a des idées, un certain savoir-faire mais souffre par trop du côté "fait à la maison" et d'un chant de Castafiore sinon maladroit du moins inopportun, évoquant l'époque révolue des Tristania et autre Trail Of Tears, groupes peu réputés pour leur sobriété.
Du haut de ses 58 minutes au garrot, Lure Of Ephemeral Beauty éructe de bons moments - citons par exemple "Les sept vertues capitales" ou "Death Legacy And Bitter Tears" - malheureusement noyées sous l'envie de trop en faire, volonté louable s'il en est, mais qui réclame tout de même rigueur et talent, deux qualités que le trio ne possède pas encore, comme l'illustre l'instrumental de 10 minutes, "Aokigahara", certes parfois envoûtant quoique trop long et grevé par un élent symphonique au goût de plastique.
Au final, on en vient presque à préférer le groupe lorsqu'il met en avant ses atours les plus Black Metal, comme il le fait sur "Handicapped Sex In A Mental Orgy", titre aux courbes lancinantes que souligne une ligne de basse toute en rondeur. Ne surgissant qu'en fin de parcours, la voix d'Alexandra Lemoine se fond alors avec bonheur dans ce socle spatial.
En définitive, on ressort de Lure Of Ephemeral Beauty avec une impression mitigée, celle d'avoir certes écouté l'effort le plus maîtrisé d'Eclectika à ce jour mais qui ne peut masquer la maladresse de ce mélange, au demeurant ambitieux, entre Art noir et Metal gothique pompier...