Artiste néo-zélandais et français d’adoption – il vit à Mirecourt dans les Vosges - Robert Hancock poursuit son petit bonhomme de chemin avec son 7ème album (trois en solo et quatre avec les June Fost dont il est/fût le leader) profondément ancré dans le souvenir de son ami Jean-Christophe Massinon ("You are here" - Tu es là) artiste lorrain parti trop tôt l’année passée.
After All This Time porte cette cicatrice béante en n’utilisant qu’une seule phrase tout au long de ses trois minutes, contrebalancée par le joyeux et sautillant 12 Propositions qui lui rend un hommage direct.
Si la voix de Robert est presque la copie conforme de celle de Mark Hollis (Talk Talk), sa musique se rapproche elle aussi de ce groupe tout en gardant une propre identité, basée sur l’utilisation et la superposition de nombreux instruments à cordes (Ukulele, Mandoline, Guitare) dont Go Go Go en est le digne représentant. Le formidable percussionniste Cyrille Lecocq illumine cette galette de sa technique et forme ainsi avec Robert Hancock un duo d’une très grande complémentarité.
Pour la première fois Robert laisse le chant principal à un autre que lui… Ou plutôt une autre puisque c’est Aurélie Jung qui pousse la chansonnette sur Ray, titre étincelant portée par sa voix pure et un beau travail surlignant les chœurs. Nous la retrouverons ensuite régulièrement lors de nombreuses interventions dont le très mélodieux et secret Marie Vanini…
Hiking est sûrement le titre le plus représentatif de cet album, porté par des percussions efficaces, avec une voix tantôt chuchotée, tantôt plaintive, souvent déchirée par la guitare électrique. Si le terme de pop expérimentale si cher à Robert existe, c’est bien Hiking qui en porte le flambeau... Mais il ne faut pas s'y méprendre, expérimentale ne veut pas dire inaccessible...
Dans la liste des artistes qui méritent un coup de pouce, il est donc nécessaire d’y ajouter Robert Hancock car sa pop mélancolique (mais bizarrement joyeuse) fourmille de petites perles. Sans se prendre au sérieux, fier de ses origines et de sa pluralité culturelle (sa femme est kabyle), il déroule ses états d’âme et les enrobe musicalement jusqu’à obtenir ces moments musicaux intenses et intimes. Merci Robert de nous sortir de nos soucis quotidiens à coup de banderilles si personnelles et si communicatives.