Entre Back In The Streets, sa première escape en solitaire (la seconde en comptant le Grinding Stone publié sous l'étiquette du Gary Moore Band), et Corridors Of Power, l'explosif guitariste irlandais anime, en 1979 et 1980, l'éphémère G-Force. Fondé à l'origine pour accompagner Van Halen en tournée sur le continent Nord-américain, le groupe, dans lequel on croise aussi Tony Newton (basse), Willie Dee (chant et claviers), ainsi que le batteur Mark Nauseef (Elf, Ian Gillan Band), grave très vite l'unique trace discographique de sa courte carrière.
Comparé aux essais précédents et plus encore aux joyaux à venir de l'ex-Thin Lizzy, le résultat a de quoi surprendre en cela que G-Force sonne comme un disque de Hard-Rock calibré pour les ondes US ("You", "The Woman In Love"), brochette de chansons propres et carrées, parfois même assez banales ("Dancin'). Pourtant, l'opus n'est pas inintéressant, surtout lorsque se devine la patte de celui qui vient alors de composer "Parisienne Walkways". Témoin, ce "I Look At You" que rehaussent des cordes raffinées dont on relève également la présence sur le très beau "You Kissed Me Sweetly".
S'il assure le chant sur l'oubliable "Hot Gossip", Moore réussit, quoique en mode mineur, à nous régaler avec son jeu fiévreux, toutefois encore muselé, sauf sur "White Knuckles/Rockin' And Rollin'" ou encore "Because Of Your Love", qu'il transcende de sa fougue électrique. Gageons que sans lui, et nonobstant une écriture au savoir-faire éprouvé, ce disque aurait disparu au fond des oubliettes du Hard US, tant il est aussi à des années-lumière de la qualité de Victim Of The Future ou Wild Frontier, pour ne citer que deux pierres angulaires de la carrière du regretté Irlandais.
Ce qui explique peut-être pourquoi l'épisode G-Force prendra très vite fin, le temps de chauffer les salles pour Whitesnake alors en pleine promotion (et explosion !) de Ready An" Willing. Une curiosité donc, aujourd'hui totalement oubliée chez laquelle il y a toutefois quelques bonnes choses à grappiller, Gary Moore oblige, même si on connaîtra celui-ci bien plus inspiré par la suite.