Shakra vient de Suisse et n’a jamais emporté l’adhésion complète des chroniqueurs de Musicwaves, trop répétitif, pas assez original et surtout, trop proche de ce que propose son grand frère, Gotthard. La foule des métalleux, qui ne leur a jamais vraiment bordé un lit de roses, a été au diapason, la seconde division étant, depuis leurs débuts en 1998 et les huit albums qui ont suivi, leur bien anonyme alcôve. Aujourd’hui sort "Powerplay" et bien entendu, avant de jeter une oreille sur le produit, la même question taraudante remonte à la surface, comme à chaque fois qu’un opus des Bernois est glissé dans nos platines épuisées. Alors ? Encore une quasi-copie juste correcte ?
Second album depuis le départ de leur emblématique vocaliste, un Mark Fox à la voix patinée de lampées de whisky (qui est revenu aux affaires cette année, accompagné de Tony Castell (ex-Krokus) avec Fox son nouveau groupe), "Powerplay" présente la même formation que sur "Back On Track", John Prakesh, le frontman originaire d’Inde dont la voix rappelait sur cet opus celle du regretté Steve Lee, en première ligne.
Les deux premières constatations qui peuvent être avancées à l’écoute de cette production sont que les musiciens ont un tantinet énervé leurs propos et que Prakesh a suivi le mouvement, s’éloignant ainsi un brin du Maître, sauf peut-être sur les ballades. Les compositions sont une fois de plus mélodieuses, nous sommes toujours ici en territoire Hard Mélodique mais, avec évidence, les biscotos sont carrément de sortie. Bien entendu, on renie difficilement ses origines, surtout si elles ont pris racines en cette fière terre d’Helvétie, et l’ombre de Gotthard enserre parfois le combo dans ses volutes sombres, mais alors un Gotthard qui aurait mangé un tombereau de Mars, surtout si on se réfère au mollasson "Firebirth", leur dernier opus en date.
En effet, dès le premier titre, un "Life Is Now" rentre-dedans mais perfectible, le ton est donné et il ne fait que grimper en intérêt, notamment avec ses tonitruants successeurs que sont "The Mask", "Higher", "Save You From Yourself", "Because Of You", et "Secret Hydeway", qui vous éclaboussent de leur verve. Ça se bouscule au portillon pour savoir qui du refrain à vous rendre addict, de la puissance des guitares ou du mélodiquement mitonné solo va remporter le prix. A moins que, faux durs que vous êtes, vous craquiez sur les deux ballades qui agrémentent cet opus. Elles vous feront assurément éteindre les lumières chez vous et sortir un briquet dont la flamme fera vaciller les ténèbres, ondulant au gré de leurs arpèges.
L'influence de Gotthard n'a pas totalement déserté l'entité Shakra, mais ce "Powerslave" charpenté devrait atténuer sérieusement les comparaisons désobligeantes. En effet, le combo a réussi en musclant ses créations à se démarquer et, cerise sur le gâteau, si on en reste aux dernières productions en date, David a terrassé Goliath sur ce coup. Hail to Switzerland !