Si "Golden Heart", sorti en 1996, est officiellement le premier album solo de Knopfler après la dissolution de Dire Straits, "Sailing To Philadelphia" lui vole souvent la vedette. En effet, ce premier album, enregistré avec ses amis irlandais, avait des allures de catharsis après la longue aventure en groupe et possédait un côté un peu fourre-tout. Cette nouvelle production, plus posée et plus cohérente également, semble bien plus assumée et sereine.
Comme le contrat qui liait Knopfler au célèbre manager de Dire Straits, Ed Bicknell, n'a plus lieu d'être, seul Guy Fletcher, claviériste et compagnon de toujours de notre chanteur reste fidèle au poste. Et ses interventions sur les douces cartes postales que sont 'Prairie Wedding', 'Sands Of Nevada', 'One more Matinee' ou 'Wanderlust' évoqueront certainement des souvenirs aux fans de ce super groupe des 80's. Tout comme le solo très typé de Knopfler sur 'Speedway At Nazareth' (il y en aura plusieurs dans cet album) ou les chœurs du nostalgique 'Silvertown Blues'. Et oui, on ne balaye pas 15 années de carrière d'un revers de main. Et puis cela facilitera l'adhésion des fans durant la mutation musicale du chanteur/guitariste.
Et puisque nous parlons de mutation, quoi de mieux que le single et opener 'What It Is', désormais incontournable, pour révéler le passage du Rock à la Straits au Country Blues des années 2000. Car si la guitare acoustique est omniprésente, ici appuyée de violon, la Fender chaude et rugissante reste présente en filigrane, tout au long de l'album, offrant à l'auditeur un agréable mélange des genres. Dans le même esprit, c'est James Taylor lui-même, le plus éminent représentant du Folk aux Etats-Unis, qui vient partager le chant avec le l'ex-rockeur sur 'Sailling To Philadelphia', sur lequel la guitare de Mark dispose encore d'une place de choix. Autre invité prestigieux, faisant cette fois-ci plus échos aux racines de l'artiste, l'Irlandais Van Morrison vient partager le chant sur 'The Last Laugh', tranquille et émouvant.
Moins rassemblé et brillant que "The Ragpicker's Dream' qui suivra deux années plus tard (des titres comme 'El Macho', 'Who's Your Baby Now' ou 'Junkie Doll' sont plus anecdotiques), 'Sailling To Philedelphia' n'en possède pas moins de charme et révèle chez Mark Knopfler les dernières traces d'un passé plus Rock. Comme le rappelle son titre, le Britannique semble avoir trouvé en Amérique la quiétude des grands espaces, donnant une assise à son Country Blues (tant au niveau des textes que de la musique) dans lequel il excellera quelques années plus tard.