Les premiers albums de Tad Morose laissaient présager un brillant avenir avec une identité très heavy, sombre et lourde. Malheureusement, la bande de Christer 'Krunt' Andersson ne parviendra pas à confirmer, et c’est avec ce "A Mended Rhyme" que le doute s’installe. Ce qu’il y a de frustrant, c’est qu’il y a de vrais bons moments avec ‘Circuit Vision’, ‘But Angels Shine’ ou encore ’The Trader Of Soul’, mais ça ne suffit pas à notre bonheur.
Le tout est laborieux et souffre d’une production puissante mais inadaptée qui fait brouillon. La batterie est trop mise en avant avec un son trop brut et le clavier sonne souvent trop FM, ce qui ne sied guère au style et à l’ambiance générale. Pourtant l’album s’ouvre avec un certain enthousiasme et montre l’étendue du talent d’Urban Breed, nouveau venu au micro, qui marque tout de suite les esprits. ’Circuit Vision’ possède des mélodies accrocheuses, ’But Angels Shine’ est un morceau doomesque qui pourrait figurer parmi les must du genre tellement son atmosphère lugubre et sa lourdeur sont enivrantes. Il est tout à fait dans un esprit façon Black Sabbath.
Et ce nouveau vocaliste alors ? Urban Breed a une large amplitude vocale qui impressionne avec une agressivité dans les aigus qui pourrait rappeler parfois Tim 'Ripper' Owens. Il peut également aller chercher une voix plus rugueuse et plus grave, ce que ne faisait pas vraiment son prédécesseur. La volonté est certainement d’appuyer la musique, elle-même puissante, avec un chanteur ayant davantage de coffre et de pugnacité. Le but est en partie atteint mais la première bonne impression laisse sa place trop rapidement à un chant poussif parfois même limite faux, et c’est petit à petit que la lassitude s’installe. Il faut dire que dès ’The Dragon Tide’, l’ensemble s’essouffle et perd du relief ou de l’originalité. Par ailleurs, Tad Morose nous perd avec un ’Time Of No Sun’ qui fait penser à un neo-prog égaré au beau milieu d’un paysage abrupt et d’un climat pesant. Tout n’est pas mauvais pour autant et il y a de bons passages qui laissent une trace plutôt agréable, surtout avec les quatre premiers titres ou les ponts instrumentaux sur ’The Dragon Tide’ et ’The Vacant Lot’. De bonnes inspirations dans la continuité de "Sender Of Thoughts", l’album précédent, se perçoivent de temps à autres.
Tad Morose cherche sa musique et déçoit dans ce "A Mended Rhyme", avec des passages déroutants, quelques lignes de claviers façon Europe des années 80 et un rythme qui parfois s’accélère pour perdre l’auditeur en route. Dommage !