C'est trois ans après un "Riot Squad" sympathique mais peut être trop complexe que les allemands de Paradox nous reviennent avec "Tales Of The Weird", leur sixième album en plus de 25 ans de carrière. Et c'est un soulagement de retrouver le groupe si rapidement tant on redoutait qu'il ne fasse une de ces pauses dont il est coutumier. Toujours emmené par Charly Steinhauer, le groupe a vu les arrivées de deux nouveaux membres à la batterie et à la guitare confirmant une certaine instabilité au niveau du personnel.
Musicalement les allemands conservent leur cap et proposent un thrash à l'américaine teinté de heavy à la Megadeth, caractérisé par la voix criarde de Steinhauer qui fera l'effort de chanter au détour de quelques passages. Sur cet album le groupe redresse la barre niveau production avec un son plus puissant et un meilleur équilibre au niveau des instruments, plaçant moins nettement en avant la voix de Charly. Le résultat est ainsi plus digeste même si Paradox garde cette complexité qui est sa marque de fabrique. En outre, le groupe a retrouvé l'inspiration et surtout a eu l'excellente idée de mettre la mélodie au cœur de son propos.
Ainsi des titres globalement furieux comme "Day of Judgement" ou "Brutalized" savent-ils baisser le tempo au détour d'un chant plus posé, d'une mélodie de guitare plus douce ou d'un break mélodique qui fait la différence. Ce faisant Paradox gagne en clarté et en qualité d'écoute et s'avère au final passionnant. Et quand de plus il lorgne vers le heavy à la Metallica sur "Fragile Alliance", mettant le thrash pur et dur de côté, il se fait carrément séduisant avec cette chanson au refrain imparable avec des vocaux chantés plein de feeling.
Bien sur, si le groupe ne lâche pas complètement son thrash offrant d'excellents morceaux tels "Slashdead", "Escalation" et "The Downward Spiral" aux riffs acérés et au chant rugueux, il continue à diversifier son propos. La chanson éponyme en est le plus bel exemple, développant une atmosphère sombre qui colle très bien au genre et enchainant passages furieux et moments mélodiques avec une efficacité redoutable. Paradox se fait aussi plaisir avec une excellente reprise du classique de Rainbow, "A Light In The Black", extrait de "Rising", superbement interprété. Son traitement plus heavy ne la dénature pas et lui donne au contraire un bon coup de fouet.
"Tales Of The Weird" est donc une excellente surprise de la part d'un Paradox trop souvent instable ces dernières années. Avec ce disque il nous prouve avec une certaine classe qu'en matière de heavy thrash mélodique il figure parmi les meilleurs et qu'au moment où un Megadeth patine fortement il pourrait bien avoir la place qu'il mérite auprès des fans et des médias.