Malgré le patronyme de sa formation, il semblerait bien que Dave Meniketti soit du genre à avoir le regard tourné vers l'avenir. En effet, après le décès de son compère et bassiste Phil Kennemore, avec lequel il avait fondé Y&T, les craintes étaient nombreuses quant à la suite du come-back matérialisé en 2010 par le très bon "Facemelter". Pourtant, son remplaçant, Brad Lang, a rapidement pris place au sein du quatuor et Y&T a pu enchainer les concerts pour soutenir son dernier rejeton studio. Marquant la fin de la tournée au sein du légendaire Mystic Theater dans lequel les Californiens jouent à domicile, le bien nommé "Live At The Mystic" est un excellent témoignage des performances scéniques de Meniketti et de ses nouveaux camarades de jeu.
En 22 titres et près de 2h00 de musique, Y&T met les points sur les i, prouvant que les titres de "Facemelter" passent l'épreuve du live haut la main, et offrant un best of du reste de sa carrière, la priorité étant logiquement donnée à la triplette magique du début des années 80. "Eartshaker" (1981) est représenté par 6 titres, "Black Tiger" (1982) par 4 morceaux, et "Mean Streak" (1983) par 2 parmi lesquels nous regretterons l'absence de "Midnight In Tokyo". Le premier nommé soufflant ses 30 bougies, il est normal qu'il soit mis en avant, seul "Facemelter" comportant plus de titres (7) dans la setlist. Dave Meniketti annonce d'ailleurs cet anniversaire parmi les différents évènements à fêter au cours de cette soirée, en lançant le heavy et bluesy "Dirty Girl". Et même s'il fait le nécessaire pour laisser leur part de lumière à ses compères, c'est bien le leader qui est le centre incontournable de cette prestation. Sa voix est légèrement plus grave et éraillée que dans le passé, ce qui lui apporte une chaleur plus importante et la rend encore plus accrocheuse. Quant à son jeu de guitare, il illumine toujours la majorité des titres, bien épaulé par John Nymann auquel il laisse cependant quelques soli ("Dirty Girl").
Lancé par "On With The Show" et son introduction ("Prelude"), ce concert démontre, s'il en été encore besoin, que Y&T a encore de l'énergie à revendre. Les gros riffs efficaces ("Black Tiger") se tirent la bourre avec les hymnes cinglants ("Mean Streak"), les cavalcades ("Blind Patriot") alternent avec les heavy puissants ("Don't Bring Me Down", "Eyes Of A Stranger"), alors que la variété de l'ensemble est complétée par un peu de groove par ici ("Girl Crazy"), une belle power-ballade par-là ("Winds Of Change"), une superbe montée en puissance étoffée de soli s'étalant sur une dizaine de minutes ("I Believe In You"), une dose de mélancolie ("Rescue Me"), une accélération Rock'n'Roll ("Squeeze") et un monument en guise de généreuse conclusion ("Forever"). Le public est présent sans être envahissant, et réagit aux sollicitations de Meniketti ("Don't Wanna Lose") alors que la production est parfaitement équilibrée, rendant à la fois hommage à la puissance et à l'énergie dégagée sur scène, tout en maintenant le son un peu cru afin de mieux traduire l'authenticité de la prestation.
Témoignage d'une formation toujours aussi dynamique, "Live At The Mystic" sera également un excellent moyen de découvrir l'œuvre d'un groupe qui n'a pas eu le succès que son Hard-Rock à la fois puissant, mélodique et travaillé aurait mérité. Il n'est pas trop tard pour rendre hommage à Dave Meniketti et sa bande, et il n'y a aucun doute que l'écoute de ce double album en sera la meilleure occasion.