Le Roi est mort, Vive le Roi ! Running Wild n'est plus depuis l'anecdotique 'Shadowmaker'. A force d'en annoncer la fin, Rolf Kasparek était bien obligé d'en passer par là. Mais voilà, quelques mois après le faible dernier album du combo allemand, il est de retour avec Peter Jordan (ben voyons !), un nouveau nom : Giant X, et un nouvel album "I". "Rock'n'Roll" Kasparek aurait-il soudainement retrouvé l'inspiration au point de pondre un album en quelques semaines ? Mais alors pourquoi sous un autre nom ?
Ne laissons pas ce suspense insoutenable nous tenir en haleine plus longtemps, la réponse est non. Les deux compères nous proposent la même caricature de hard rock que lors des derniers essais de Running Wild. A part quelques soli bien sentis et deux ou trois riffs assez efficaces l'ensemble est d'une mièvrerie insipide. La recette aurait peut-être pris au début des années 90 mais aujourd'hui, ce disque est indigne de la renommée des deux protagonistes. Les refrains sont niais au possible ("Soulsurviros"), les textes d'une banalité atterrante ("Now Or Never") et le disque entier semble avoir été écrit, composé et enregistré en une après-midi. La programmation robotique de la batterie devient énervante après seulement quelques minutes.
Au rayon des passages à sauver, "Friendly Fire" est le morceau le plus intéressant avec un triptyque riff-refrain-solo cohérent. "Don't Quit Until Tomorrow" est également écoutable et a tout du single désigné. Le solo à tiroirs de "Go For It" est très inspiré, comme celui de la fatigante balade "Nameless Heroes". "Rough Tide" est un boogie entraînant avec intro et solo d'harmonica suffisamment blues pour s'écouter avec intérêt. Quant au reste, la voix de Rolf sent le renfermé et les riffs répétitifs ne trouveraient pas de Label pour les signer chez un groupe de jeunes débutants.
A l'écoute de ce 'I', il est légitime de s'interroger sur les motivations de Rolf quant à la pertinence d'un tel album en 2013. A part une démarche mercantile hasardeuse visant à soutirer une quinzaine d'euros à quelques crédules qui croiraient en la renaissance artistique de Running Wild ou à une poignée d'ignares dont les noms de Kasparek et Jordan n'évoqueraient rien, aucune explication rationnelle ne saurait justifier un tel ratage. Ce "I" appelle t-il un "II" ? Au rythme où vont les choses, espérons que non.