Envie de ramper à leurs pieds ?
Madonagun sont les chirurgiens du son, les pourvoyeurs de bruits, les tapageurs nocturnes de la nouvelle génération ; ils sont les voix des âmes damnées, des spectres blafards. Ils distillent des ambiances vénéneuses et ils sont coriaces : bienvenue dans les contrées reculées du metal de la mort.
Imaginez de la colère et de la puissance, de la sueur et des rugissements infernaux.
Tout semble commencer en douceur par un petit morceau instrumental (Descent) qui distille des ambiances inquiétantes dans le plus pur style Dislocation de Remain Silent. La suite se corse et apporte des soubressauts métalliques épais (Bloodlust).
La guitare rythmique tisse une toile épaisse de laquelle il n'est pas aisé de se libérer. Epaulée par une batterie lourde à souhait, elle provoquera des frissons le long de votre épine dorsale. Les riff chirurgicaux et millimétrés sont ciselés avec un grand savoir faire tandis que la guitare solo, d'un excellent niveau, n'est jamais trop démonstrative. Certes ça sweep à tout va et il y a beaucoup de descentes de manche, mais ces interventions restent captivantes et mélodiques en diable.
La voix se fait tantôt rageuse ou plus mélodique... Le contraste fonctionne bien ici, on pense aux parties vocales de Fear Factory pour l'épaisseur des intonations grunt, mais aussi parfois à Into Eternity sur Dead Or Dreaming pour les alternances entre la rage et la douceur vocale. La majorité des tempos est assez lente et ils lorgnent du côté doom de Paradise Lost (Burning Gates) ou des regrettés francophones de The Old Dead Tree.
La structure des morceaux est assez classique et d'une longueur raisonnable. L'adjonction des claviers et intéressante d’autant plus que les sonorités très travaillées donnent une touche industrielle bienvenue ; ils s’épanouissent en quelques soli que l'on pourra apprécier sans modération.
L’œuvre est en fait assez sombre et propose des morceaux très bien ficelés comme Bloodlust, Chaos Seed ou Or Die Free avec ces ambiances orientales. Malheureusement, certains autres morceaux sont nettement plus faibles et plus convenus (Stairway to Hell ou Twilight of The Men) tout en restant d'une efficacité redoutable.
Alors arrivèrent ensemble brouillard et tourbillons de neige, et il fit un froid extrême. Alors des blocs de glace hauts comme les mâts et verts comme des émeraudes flottèrent autour de nous.
Et à travers ces masses flottantes des rocs neigeux nous envoyaient d’affreuses lueurs : on ne voyait ni figures d’hommes, ni formes de bêtes. La glace, partout la glace.
Au final il se dégage de cette production une froideur arctique, Paradise Lost et la vague Gothique ne sont pas si loin. Venez toucher du bout des doigts la froideur et la beauté de ce diable musical.