Il aura fallu trois années à Kamil Konieczniak et à son projet Moonrise pour donner un successeur au magnifique Soul's Inner Pendulum, à la suite duquel Lukasz Gall, également frontman de Millenium, autre écurie néo-progressive polonaise, voit Marcin Jajkiewicz lui succéder derrière le micro. Pour ceux qui auraient pu rater les deux premiers épisodes de la saga, il faut ici rappeler que Moonrise est un groupe de néo-progressif polonais (pléonasme), évoluant dans un registre proche de cousins éloignés comme le Marillion période post-Fish (Season's End notamment) et autres Mystery, avec toutefois un élément distinctif par rapport à ces deux références, la présence depuis l'album précédent d'un saxophone apportant une chaleur sans commune mesure à la tonalité générale du groupe.
La plage titre instrumentale qui ouvre cette troisième production, installe ainsi l'auditeur dans un confort moelleux, bercé de synthés planants et autres guitares usant avec bonheur de réverb' bien dosée, sur lesquels vient surfer avec grâce un saxophone ténor au son très rond. La couleur est donnée, et la suite de l'album va venir conforter cette formidable impression de bien être, le nouveau chanteur du quintet y étant également pour beaucoup. Et comme Moonrise possède un talent sans commune mesure pour trousser des merveilles mélodiques et des accompagnements au sein desquels les lignes de basse viennent régulièrement réchauffer les oreilles attentives, les différents titres s'enchaînent avec bonheur, apportant moult réjouissances auditives. A ce titre, la petite perle mélancolique 'Start Up Song' pourrait sans problème, dans un univers un peu plus enclin à donner sa chance à tous, tenir le rôle de single radiodiffusé avec sans doute pas mal de succès à la clé. Et puis, comme de bien entendu dans ce type de productions, les soli de guitares inspirés viennent un peu plus illuminer des compositions passionnantes, leur alternance avec les interventions de saxophone permettant en outre de ne pas les rendre envahissants.
Alors bien sûr, les habituels grincheux viendront tancer les quelques emprunts marillionesques, ou encore la facilité de certaines compositions, comme par exemple la ballade 'Blind Faces'. Mais condamner un tel album pour d'aussi vénielles broutilles serait vraiment injuste par rapport à la qualité de l'heure musicale proposée sur cette galette qui, en l'occurrence, se rapproche plus des récents efforts de Mystery que de ses actuels congénères polonais.
Reprenant avec bonheur ce qui fait le miel du néo-progressif, tout en évitant les écueils qui rendent certaines productions caricaturales du genre, Moonrise se place aujourd'hui sans contestation possible tout en haut du panier des groupes à considérer avec la plus grande attention. Nul doute que ce troisième album tournera de nombreuses fois dans les platines de ceux qui lui prêteront une première attention.