Si Howling Dollhouse produit sous ce nom son premier album éponyme, ce n'est cependant pas la première expérience en commun des cinq jeunes musiciens australiens qui constituent ce groupe. En effet, ils sont déjà les auteurs d'un EP paru en 2007 et d'un album sorti en 2012 en tant qu'Into The Night, un nom qu'ils ont préféré changer, la maturité aidant, contre un autre moins passe-partout.
Revendiquant une pluralité d'influences liées à la diversité des goûts de chaque membre, Howling Dollhouse interprète un rock vitaminé traversé de belles digressions mélodiques et dont l'inspiration ne se dément jamais au détour des treize titres. Les guitares sont souvent en avant, assenant force riffs énergiques et solos enthousiasmants, épaulées par une batterie débordante d'énergie mais jamais soûlante et une basse bien lourde. Les claviers plus en retrait donnent à la musique une touche de douceur parant l'album de nuances qui lui évitent de sombrer dans la routine au bout du troisième ou quatrième titre. Le chant possède ces petites fêlures qui conviennent aussi bien aux thèmes mélancoliques qu'aux mélodies plus rageuses développés par le groupe. Dans les aigus, il rappelle par certains côtés Marco Glühmann (Sylvan), de même que certains airs s'apparentent aux titres les plus musclés du combo allemand.
La comparaison s'arrêtera là, Howling Dollhouse ne pratiquant pas un rock progressif, même lointain. La structure de ses titres s'éloigne rarement du conventionnel couplet/refrain/pont mais ponctuée d'une belle diversité qui tient l'auditeur à l'abri de tout ennui. Les tempos sont généralement élevés et le groupe délivre une prestation énergique et spontanée que l'on sent sincère. 'Private Hell' qui ouvre l'album a tout d'un tube avec sa mélodie facilement mémorisable et son refrain charismatique. Il faut attendre le quatrième titre, 'Panorama', qui figurait déjà sur l'EP "The Art Of Honesty" d'Into The Night, pour que le rythme s'apaise un peu, et l'album ne compte que deux véritables ballades, Wish I Was et The Break. Entre ces quelques respirations, des chansons bourrées d'énergie, au débit vocal souvent impressionnant, flirtant parfois avec le rap ('This Is Who You Are') quand il ne s'y adonne pas pleinement ('World On Fire'). Et après le décoiffant et violent 'Note To Self' ou 'My Kind', ballade musclée, narquoise et révoltée sur laquelle Trick hérite de la gouaille d'un Mick Jagger, le groupe nous quitte avec une douceur inaccoutumée sur le très sobre et mélancolique 'Part II'.
"Howling Dollhouse" est un album truffé de mélodies immédiatement addictives, inspirées, déroulant un rock limpide mais sophistiqué. Le plaisir des cinq membres à jouer ensemble est communicatif et procure à l'auditeur un bien-être qu'aucune faute de goût ni temps mort ne vient perturber.