Ce nouvel album de Killers est apparu sans crier gare, alors que cela faisait pas loin de 5 années que les basques ne nous avaient pas offert de nouveau disque. Cette relative discrétion en termes de promotion trouve une explication fort simple : après avoir pris en charge l’organisation de (certains) de ses concerts, puis de sa production, Killers a désormais également pris en charge la distribution de ses disques, acquérant de ce fait, une indépendance, et un contrôle, quasi-totale sur sa musique mais au prix d'une exposition médiatique moins forte. Pour se procurer ce "10:10" (à un prix très modique), il faut donc se connecter sur le site du groupe.
Au niveau musical, et malgré l’arrivée d’un nouveau batteur, la couleur générale reste assez immuable. Le groupe propose toujours un Heavy Metal très agressif à tendance Speed Metal. On peut cependant noter une orientation un peu moins systématiquement belliqueuse que par le passé. En effet, aux côtés de titres qui, à l’image des très énergiques "Nom De Dieu" et "Insupportable", n’auraient pas dénoté sur les albums précédents, on trouve bon nombre de morceaux qui ne dégagent pas la même intensité primaire. Le groupe semble en effet ne pas avoir voulu reconduire l’option qu’il affectionnait ces derniers temps et qui consistait à proposer des albums très homogènes ne contenant que des titres hyper violents. Ici, l’accent semble plus avoir été mis sur la recherche de mélodies plus évidentes et d’ambiances plus variées. Le titre de l'album, "10:10", en référence à la position des aiguilles utilisée en marketing horloger pour présenter des montres avec un "sourire" est d'ailleurs symptomatique de cette vibration positive qui parcourt ce disque.
Et si ce choix semble assez logique, tant le risque de voir le groupe commencer à s’auto parodier était fort, le résultat est lui, un peu mitigé. En effet, il arrive que certains titres passent sans réellement accrocher. Pas suffisamment mélodiques pour donner dans le Heavy Métal traditionnel, et plus assez brutaux pour satisfaire les inconditionnels de déflagrations primaires. Des morceaux de la trempe de "C’est Du Vent" sont l’illustration parfaite de ce ventre mou de l’album tout comme les très dispensables "La Guerre" et "Vague Souvenir", qui, bien que dotés d’un passage très mélodique du plus bel effet, peinent à emballer l’auditeur.
Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. A côté de 3 à 4 titres assez communs, le groupe se montre toujours aussi efficace lorsqu’il décide de lâcher les rênes.
Aidé en cela par un son très correct, et comme toujours par des textes de haute volée, les guitares s’en donnent à cœur joie pour nous ciseler (le terme « buriner » serait plus approprié) des hymnes bien jouissifs. Le chant, même s’il n’est pas exempt de petits défauts, est ici restitué de telle manière que la bonne compréhension des paroles ne nécessite aucune attention soutenue, comme cela était malheureusement souvent le cas par le passé.
Au final, Killers nous sort un album très honnête qui comporte son lot de titres bien efficaces, mais qui, au regard des 5 années d’attentes, auraient pu être un peu moins inégaux. Si la fraîcheur qu’apportent ces touches de mélodies et ces variations d’ambiances est un réel atout, un peu plus de travail et de prise de risque sur ces titres aurait été souhaitable. Un retour vers un peu plus de sauvagerie pour le prochain album ne serait d’ailleurs pas une mauvaise idée. Peut être que d’ici là, Bruno Dolheguy, aura racheté EDF pour assurer l’indépendance énergétique des guitares de Killers ?