Quasiment sorti de nulle part, Diagonal fut une des révélations de l'année 2008 en matière de rétro-prog. Voyage dans le temps vers une époque lointaine et fantasmée, les glorieuses années 60 et 70, son premier album éponyme combinait à merveille le Hard Rock des pères fondateurs et les arabesques progressives aux confins du jazz rock. Or depuis, plus rien. Un peu à la manière de son compagnon de label (Rise Above), Astra qui a mis trois ans avant d'offrir un successeur à The Weirding, les Anglais ont pris leur temps. Quatre ans. C'est long, trop long même. Mais The Second Mechanism est maintenant là, prêt à être cueilli, décortiqué, essoré.
Premier constat, le groupe ne s'est pas répété, quand bien même sa patte demeure aisément reconnaissable. Le format presque intégralement instrumental - seul "Hulks" ne l'est pas - de cette seconde offrande illustre ce choix de manière évidente, choix dont il faut reconnaître l'audace de la part d'une musique dans laquelle les lignes vocales sans être prépondérantes étaient loin d'être secondaires. A aucun moment pourtant elles ne font défaut aux quatre titres qui en sont dépourvus.
De fait, plus que jamais l'art de Diagonal a des allures de rampes de lancement, de jams généreuses, de happenings sonores. Chaque morceau est un périple à lui seul aux multiples teintes et ambiances d'une foisonnante richesse, de "Voyage/Paralysis", transpercé par une basse gourmande et ce saxophone déglingué à "These Yellow Sands" qui après un début feutré et très psyché, entame une élévation du feu de dieu pour aboutir à un orgasme infini. L'influence "crimsonienne" explose lors du long "Mitochondria", guidé par des envolée jazzy parfois hallucinées. L'ombre de Lizard et, dans une moindre mesure, Islands, recouvre alors l'écoute sans que le mot plagiat ne s'impose vraiment.
Si sa dernière partie séduit un peu moins, entre "Hulks" et "Capsizing", lequel donne l'impression de tourner à vide, cela n'empêche pas The Second Mechanism d'être à la hauteur de l'attente suscitée par l'excellente tenue de son aîné. Il lui manque pourtant quelque chose pour faire de lui l'incontournable tant espéré. Malgré sa haute valeur ajoutée technique, laquelle pleine de chaleur ne confine jamais à la démonstration stérile, l'album laisse l'auditeur sur sa faim, n'y trouvant pas ce supplément d'âme qui en aurait fait le chef-d'oeuvre imaginé. Sans doute est-il trop court, eu égard aux quatre années qui le sépare de son prédécesseur.
Alors que l'on s'attendait à une claque momumentale, c'est une caresse qui nous est offerte. C'est du reste faire la fine bouche à l'encontre d'un disque souvent jouissif dont une large moitié procure des frissons de plaisir. Mais les Anglais mettront-ils encore quatre ans à dégainer ?