Tusmorke en norvégien, cela veut dire crépuscule. C'est aussi un groupe originaire d'Oslo, ayant baigné dans le black metal depuis sa création en 1994 qui nous livre cette année un premier album de haute volée, « Underjordisk Tusmorke », littéralement, « Crépuscule souterrain »... Selon ses membres, c'est une parfaite définition de leur musique dans le sens où le crépuscule désigne une lumière nocturne, aux tons ambigus et envoûtants, à l'image de la pochette de l'album, dessin en noir et blanc évoquant divers mythes scandinaves et contribuant à créer un univers très particulier qui n'est pas sans rappeler Anglagard.
Dès les premières notes de 'Fimbul', le ton est donné : une rythmique entraînante, une Rickenbacker rugueuse et sautillante comme il faut, une flûte introduisant un thème à la Jethro Tull, des claviers ultra vintages brumeux et quelques réminiscences à Camel... Tusmorke fait du progressif 70's comme on en avait pas entendu... depuis les 70's ! « Underjordisk Tusmorke » est ainsi un concentré de toutes les qualités du folk de ces années-là poussant le mimétisme jusqu'à la production qui met la basse très en avant et qui double le chant afin de tirer parti du système stéréo.
Mais Tusmorke ne se résume pas à ses influences, au contraire. Le chant norvégien, en osmose parfaite avec les thèmes abordés (la nature, les mythes scandinaves) donne une personnalité très forte, même si des paroles en anglais viennent se fixer sur certains morceaux. Les structures sinueuses développées tout au long de l'album font de chaque morceau une véritable perle progressive, sans compter les superbes jeux d'échos basse/flûte qui constituent bien souvent le fil conducteur des chansons ('Fimbul' ou 'Hostjevndogn'). Les mélodies sont imparables sans jamais tomber dans la facilité et on sent que les musiciens ont formidablement bien digéré leurs inspirations pour offrir un style personnel et abouti qui ne tombe jamais dans le pastiche.
« Underjordisk Tusmorke » est tour à tour fascinant, oppressant, envoûtant, mais toujours excellent. On regrettera simplement que les trois derniers titres ne soient présents que dans la version bonus de l'album et notamment 'Ode On Dawn', une pièce de 17 minutes qui est certainement le meilleur morceau de cette galette. En bref, si vous aimez Camel, Jethro Tull, Caravan, jetez vous sur ce bijou sans attendre, vous ne serez pas déçus !