VICTOR LAFUENTE: Inside (GUITAR HERO) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Dans le landerneau des guitaristes virtuoses il y a deux grandes tendances. Ceux dont les albums sont l’occasion de démonstrations techniques souvent sans intérêt autre que l’esbrouffe, et ceux qui mettent en avant un univers dans lequel la guitare est un moyen plus qu’une fin. Victor Lafuente est définitivement de cette dernière catégorie (on a pu s’en persuader dès la démo Ear-Motions). Ne pas se contenter d’aligner des notes demande du temps et de l’investissement. C’est probablement la raison pour laquelle le nouvel album de Victor Inside sort 5 ans après Six Strings For One Heart.

La quasi-totalité de la critique de Six Strings For One Heart est validée sur ce nouvel album avec quelques amendements sur les réserves exprimées à l’époque. En effet, Inside est encore une ode à la diversité et à la mélodie, à travers une écriture intelligente et mature, et les impressions de froideur liées à la production disparaissent cette fois-ci presque intégralement. La variété des thèmes (jazz, blues, folk, métal, fusion) est parfaitement rendue par une coloration juste et le travail de Sébastien Bizeul derrière les manettes est à saluer.

Les efforts consentis sur le son général de l’album sont mis en perspective sur les morceaux les plus calmes et les plus planants. Par exemple, "Aznarepse" englobe tout l’espace sonore d’une douce chaleur alors qu’il ne s’agit que d’une guitare acoustique et de légères nappes en fond. Même constat avec "T.O" et ses ajouts de chants, que l’on retrouve régulièrement dans Inside. Cet instrument pur, puisqu’aucun langage n’est dit, est une trouvaille trop rarement utilisée dans les musiques instrumentales. Ces chœurs participent au côté rafraichissant ("Instable Perception") ou organique ("Crop Circles") d’Inside.

A de nombreuses occasions on en oublierait presque que c’est l’œuvre d’un soliste tant la partition de la guitare se fond dans un ensemble musical harmonieux. Le jeu de Victor n’en est pas moins l’expression d’un toucher sensible ("The Kraken") ou puissant ("Instable Perception") dont l’ombre de Joe Satriani plane parfois à travers les riffs rock ("Room 88"). Le morceau qui fait la synthèse du musicien serait probablement "Simplexcity", mélange de technique au service d’un propos musical mélodique et varié.

Inside confirme tout le bien que l’on pensait de Victor Lafuente avec cette qualité d’enregistrement qui rend un bel hommage à la créativité du français. Notre homme n’a pas succombé à la facile tentation de l’album de technicien, trop souvent refuge d'inspirations stériles. Peu de guitaristes se sont illustrés ces derniers mois avec un album passionnant et inspiré de bout en bout. Inside est de loin le meilleur album de guitare sorti cette année.

VICTOR LAFUENTE

INSIDE

AUTOPRODUCTION

GUITAR HERO