Après un "Hooked" qui lui a permis d'affirmer son talent et son identité, Great White ne perd pas de temps et enchaine rapidement avec un "Psycho City" qui a pour mission de battre le fer tant qu'il est chaud, et d'installer définitivement le combo au Panthéon des groupes incontournables du genre. Si Dave Spitz a remplacé Tony Montana à la basse, il n'apparaît cependant pas comme membre officiel du groupe, ce qui ne change pas grand-chose au bout du compte, Great White ayant décidé de creuser le sillon déjà tracé avec "Hooked".
En effet, le délicat équilibre trouvé par Kendall et sa bande, oscillant en la sensibilité bluesy d'un Led Zeppelin et l'énergie d'un AC/DC, est toujours de mise, la majorité des titres s'étirant désormais largement au-delà des 5 minutes pour permettre aux ambiances de s'installer et aux soli de se développer. Le début d'album est d'ailleurs redoutable, enchainant les pépites imparables et laissant l'auditeur K.O. après 5 rounds. Great White y fait étalage de toutes les facettes de son Hard US à la fois énergique et délicat, alternant les tempi au sein du même titre pour se faire accrocheur ('Psycho City'), balançant un riff basique mais d'une efficacité sans faille ('Step On You'), laissant le piano se joindre à la guitare de Kendall pour une démonstration de feeling, en mid-tempo ('Old Rose Motel') ou en power-ballade ('Maybe Someday'), avant d'achever les derniers survivants avec un bon gros riff et un refrain direct ('Big Goodbye').
Difficile de se relever d'une telle série, même si la suite reste de qualité, et c'est peut-être ce léger déséquilibre, provoqué par se démarrage sur les chapeaux de roues, que représentera le petit tendon d'Achille de "Psycho City". Sans parler de réelle faiblesse, la tension a cependant tendance à baisser par la suite. Le léger et semi-acoustique 'Doctor Me' et le groovy 'I Want You' sont de qualité mais souffre un peu de la comparaison avec ce qui les a précédé, tout comme un 'Never Trust A Pretty Face' pour autant entrainant et au refrain accrocheur. Ils ont cependant le mérite de garder l'attention en éveil et de préparer nos oreilles pour un 'Love Is A Lie' tout en sensibilité et développant avec maitrise sa progression en intensité sur plus de 8 minutes. C'est avec une nouvelle démonstration du talent de Russell sur un 'Get On Home' chaud et bluesy, que le voyage se conclu avec cette sensation d'avoir à nouveau passé un moment unique en compagnie d'un groupe qui ne l'est pas moins.
Bien que reprenant les mêmes éléments que sur son précédent album, Great White réussit malgré tout à faire de "Psycho City" un nouveau monument à la gloire de sa musique. En laissant les titres se développer au dépend du format commercial habituel, il affirme son identité et son intégrité, cette dernière étant au cœur de la sensibilité qui le caractérise.
NB: A noter également une réédition par AxeKiller en 1999 avec 4 bonus de qualité !