Contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de penser, les madrilène de Boobology n’ont pas utilisé tout leur potentiel créatif dans la recherche de leur nom de groupe (les non anglophones demanderont des explications à leurs parents qui seront très certainement ravis de voir leur progéniture s’intéresser à cette nouvelle science du relief). Car ce second album possède des atouts indéniables.
Les aficionados de Tool devraient même succomber aux charmes de ce que l’on pourrait considérer un peu hâtivement comme un ersatz de disque de la bande à Maynard James Keenan, sentiment notamment généré par les vocaux d’Eloy Morales qui font furieusement penser à ceux de Tool ("This What I Am"). On trouve également dans cet album le même type d’orchestrations massives et d’atmosphères lourdes et envoutantes même si Boobology se montre légèrement moins sombre et donc un peu plus prolixe en termes d’émotions positives que son illustre mentor ("Follow The Rain"). La cohésion instrumentale de l’ensemble est impressionnante, et que ce soit au travers des guitares ou bien des vocaux, le groupe parvient à créer des ambiances assez prenantes.
On ne peut pas a proprement parler de virtuosité instrumentale mais bien de capacité à tirer des sonorités qui donnent le sentiment d’être en accord parfait avec le thème du titre interprété. Ainsi, au travers de "Rotten" ou de "Dark Clouds" les guitares épaulées par une rythmique bien en place parviennent sans difficulté à nous transporter dans les sombres méandres de l’univers du groupe. Malgré tout, Boobology peine encore un peu à aller au fond des choses en termes d’expression des sentiments. Et si plaisant et professionnel qu’il soit, ce disque souffre un peu de sa trop forte homogénéité qui se traduit notamment par une certaine linéarité.
Au regard des capacités du groupe, il serait heureux qu’à l’avenir celui-ci délaisse ce qui pourrait s’apparenter à de la retenue, pour explorer certains thèmes avec plus de profondeur, de passion voire de folie. Car aussi agréable et bien construit qu'il soit, un morceau de la trempe de "The Secret Recipe" ne parvient pas à atteindre la même intensité et la même urgence qu'un "Sober" de "Tool". Un très bon élève donc, mais qui doit désormais s’affranchir de son lourd héritage.