Malgré les apparences, Antimatter n'a jamais été un groupe ni même un vrai duo, celui formé sur le papier par le chanteur Mick Moss et l'ex bassiste d'Anathema, Duncan Patterson, puisque les deux hommes ont en réalité composé et enregistré séparemment les albums Saviour, Lights Out et enfin Planetary Confinement. Pourtant c'est bien l'union entre les respirations acoustiques de Moss et les pulsations tripantes de Patterson, qu'elles soient auréolées d'un chant féminin ou instrumentales et aux confins de l'Ambient, qui ont fait la réussite d'Antimatter.
Duncan parti pour se concentrer sur Ion et Alternative 4, le projet s'est retrouvé amputé de celui dont on mesure qu'il en était l'âme, situation identique à celle qu'a vécu Anathema qui, depuis le départ du bassiste en 1998, dissout progressivement ce qui faisait sa personnalité dans un Rock atmosphérique certes bien fait. Rehaussé par la contribution décisive de Danny Cavanagh (Anathema, toujours), Leaving Eden a fait illusion. Désormais seul, Moss dévoile avec Fear Of A Unique Identity les limites de son talent.
Non pas que cette cinquième offrande soit vraiment mauvaise, bien au contraire et ce serait sinon injuste du moins maladroit de le prétendre, le chanteur par sa seule voix étant capable de transcender n'importe quoi et de sauver de la banalité tout ce qu'il touche. Certaines compositions, aux délicats arrangements, telles que "Here Come The Man" et ses lignes de violon, "Paranova", certes de facture assez classique, le long et hypnotique "Firewalking" ou le déspéré "Wide Awake In The Concrete Asylum", que voile la sihouette vocale discrète de Vic Anselmo sont même tout à fait réussies et devraient ravir les amoureux du répertoire acoustique d'Antimatter. En revanche lorsqu'il se prend pour le Paradise Lost électro ("Monochrome") ou se montre plus accessible encore ("Uniformed & Black"), on a presque l'impression d'écouter un autre groupe.
Au final, Antimatter est devenu un one-man band que seconde une petite poignée d'invités. Comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement vu que Patterson n'est plus là. Cela ne fait pas forcément de Fear Of A Unique Identity une déception, même si on n'en retient tout d'abord pas grand chose. Seules de nombreuses écoutes permettront d'en déceler toute la beauté et les trésors d'émotion.