Il est parfois des rencontres improbables qui aboutissent à des résultats heureux. Qu'est-ce qui peut bien réunir un médecin fortement imprégné de musique anglo-saxonne des années 70, un groupe fort populaire dans son pays il y a 30 ans et un "vieux" rocker qui a trainé ses guêtres dans des groupes aussi prestigieux que Lucifer's Friend et Uriah Heep ? L'amour de la musique et la Bulgarie ! Le médecin et le groupe sont de nationalité bulgare, le rocker a, lui, tourné des documentaires et un film dans ce pays.
Le médecin s'appelle Milen Vrabevski. C'est par lui que l'aventure commence. Il compose et écrit toutes les chansons de l'album, qu'il va par ailleurs enregistrer et produire. Accessoirement, il joue aussi du piano et de la guitare acoustique sur quelques titres. Son œuvre, il va la présenter à Diana Express, groupe bulgare dont l'heure de gloire a sonné il y a bien longtemps mais qui a conservé de forts beaux restes. Le groupe enregistre une version en bulgare et un ami commun présente Milen Vrabevski à John Lawton, l'une des voix du Heep. Le temps de réécrire les textes en anglais (Vrabevski est aussi polyglotte !) et tout ce beau monde s'enferme deux semaines dans un studio pour donner naissance à "The Power Of Mind".
"The Power Of Mind" est un concept album dont le thème pourrait se résumer par "de l'influence d'une pensée positive sur le comportement humain". Chassez le médecin, il revient au galop. Les textes sont résolument optimistes, parlant d'amour, de confiance, de volonté et de jours heureux. Un souverain remède à la mélancolie. La musique est un mélange de chansons romantiques et de bons vieux rocks faisant souvent penser à un certain Elton John. Les nombreux passages de piano fort réussis qui agrémentent l'album renforcent cette impression, ainsi que le soutien du Pleven Philharmonic Orchestra, renvoyant à "Goodbye Yellow Brick Road" et autres "Blue Moves". Une autre influence sensible, celle d'Uriah Heep, transparaît au travers des multiples chœurs qui se répondent et s'entrecroisent, parfois a cappella, tous interprétés par John Lawton. Il suffit d'écouter 'New Rhythm' et son contrechant qui part subitement dans les aigus pour s'en convaincre.
L'album n'est pas exempt de défauts. On note par exemple un certain déséquilibre entre le début, plutôt romantique et truffé de somptueuses digressions pianistiques ('Mind Power', 'Two Hearts', 'Love's Light Shining') et la fin où les claviers sont pratiquement absents, remplacés par riffs et solos de guitare scandant de bons vieux rock'n'roll ('Rock And Roll Is My Thing'), rhythm'n'blues ('In Rhythm With You') et autres hard rock ('New Rhythm'). Les mélodies, un peu datées et qui nous renvoient au début des années 70, sont néanmoins plus rétro que kitsch et le dynamisme est parfois un peu mollasson. Heureusement, "The Power Of Mind" compense ces quelques faiblesses par des mélodies qui, à défaut d'être originales, sont bien tournées, des musiciens impeccables (mention spéciale aux accompagnements de piano, aux solos de guitare électrique et aux arpèges de guitare acoustique) et un chant agréable.
Cette musique pleine de bons sentiments, sans dissonance et foisonnante de chœurs a un côté "gentil garçon de bonne famille" qui conviendra à tous ceux qui aiment les chansons toutes simples. Les rebelles et amateurs de musique plus ardue passeront leur chemin.