Malgré des qualités, le premier disque live de Machine Head sorti en 2003 ("Hellalive") montrait une formation à un peu à la dérive, perdue dans les méandres d'un néo métal teinté de thrash. Depuis l'arrivée de Phil Demmel à la guitare, le groupe américain a redressé la barre avec une classe et un brio inouï en nous proposant trois grands disques de thrash à la fois surpuissants, mélodiques et techniques.
De fait l'arrivée d'un nouvel album live, double qui plus est, était cette fois attendu avec une certaine impatience. Capté essentiellement à Manchester le 06 Décembre 2011 lors de la tournée pour présenter "Unto The Locust", ce live nous balance pas moins de 15 titres pour plus de 100 minutes de musique. Et le résultat, très brut de décoffrage, rappellera chez certains les grands disques live que le heavy métal a pu produire dans le passé. Basé logiquement sur les albums récents ce double album est un concentré de puissance et de mélodie. Aux guitares Demmel et Flynn se font plaisir et reproduisent avec soin tous les passages les plus techniques tandis que Dave McClain pilonne ses futs avec une énergie qui fait froid dans le dos.
"Unto The Locust" se taille la part du lion avec pas moins de 6 titres représentés. Pures baffes en concert, mélodiques, puissantes et épiques, "I Am Hell" et "Be Still And Know" ouvrent ainsi les hostilités suivies de "Who We Are", "Darkness Within", "Locust" et "This Is This The End". Avec "Beautiful Morning", "Halo" et "Aesthetics Of Hate" on retrouve trois extraits de l'immense "The Blackening". Même si cet album mériterait un live à part entière, il est bon d'entendre ces chansons qui présentent toutes les facettes du groupe, entre mélodie, rage et haute technicité.
Tout cela laisse forcément peu de place aux 5 premiers albums du groupe qui ne sont pourtant pas complètement oubliés. L'excellent "Through The Ashes Of Empire" propose son titre d'entrée, "Imperium", qui en 6 minutes montrait un groupe sur la bonne voie ayant mis de coté ses errances néo métal. Les deux premiers albums sont logiquement représentés par leurs tubes, "Old" et "Davidian", classiques parmi les classiques. Après plus de 18 ans, ces chansons sont toujours aussi féroces et montrent bien le grand coup de pied que le groupe avait donné au thrash en 1994, mêlant avec intelligence influences des années 80 et modernité des années 90. Quant aux albums maudits ("The Burning Red" et "Supercharger"), trop policés et tapant dans un néo teinté de rap de mauvaise qualité, ilss sont malgré tout représentés par "The Blood, The Sweat, The Tears" et "Bulldozer" dans des versions plus puissantes et métalliques qui ne font finalement pas trop tache à côté du répertoire récent du groupe.
Frais, direct et sans artifices, ce nouveau live de Machine Head est un excellent cru qui redonne ses lettres de noblesses aux albums live quelques peu oubliés avec l'ère numérique. Ce faisant le groupe américain confirme avec brio qu'il est bel et bien un des grands du métal actuel, au delà même du thrash, et qu'il a tout pour prétendre dominer le genre rapidement.