On prend les même et on recommence ?
Borborygmes, cris et éructations sont de retour pour notre plus grand plaisir. Les exécuteurs vont à nouveau sévir et lâcher leur putrescence, leurs émanations fétides et leurs humeurs cadavériques. Nous allons à nouveau arpenter des cimeterres pleins de peurs et de sueur, de sang et de cris d'âmes damnées. Donc du vrai death-metal comme on en faisait à l'époque ! Le death metal est un art morbide et cruel, et les membres d'Obituary en sont les chantres, les zélés architectes de nos peurs primale et intimes, les représentant les plus attentionnés du méphitisme fait musique. Maître dans l'art du carnage et de la tuerie auditive, ils vont chatouiller vos entrailles, vous conduire dans la Tombe des Mutilés, vous Éviscérer à la Naissance, ou vous guider vers L'autel de la Folie.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
La plupart des musiciens sont à nouveau au rendez-vous, seul James Murphy manque à l'appel... quel dommage ! La guitare rythmique est toujours aussi lourde, épaisse et sale. Les riffs sont pour la plupart simples et dans des tempos assez moyens ou même lents par moments : point de blast-beats (snif). Quelques accélérations viennent ponctuer les morceaux, mais très peu de cavalcades effrénées. La batterie est d'un bon niveau, elle fait son travail à merveille sans jamais en faire trop ou pas assez. Elle a un son claquant et bien en place dans le mixe (merci Scott Burns pour ce son et ce travail inoubliable). Elle sait dispenser des rythmiques assez efficaces et donner de la double pédale de façon judicieuse. Elle serait presque groovy par moments, ce qui peut paraître paradoxal pour un groupe aussi jusqu’au-boutiste. La voix est encore éructée, vomie, hurlée et crachée. Elle ne ressemble pas au grunts des maîtres du genre. Elle porte plutôt des intonations thrash, tout en restant dans le registre sale et malsain qui fait la patte de ces joyeux drilles.
Au final il manque à cet album le génie que pouvait apporter James Murphy. Certes, Allen West fait du très bon travail en termes de mise en place et de composition des soli. Il n'en reste pas moins que ses interventions sont un peu plus convenues. On ne retrouve pas les dissonances, la vélocité, les mélodies bizarroïdes et les ambiances inquiétantes de sieur James Murphy. Point de guitare héros, mais plutôt un guitariste qui maîtrise son sujet. Ses interventions ressembleraient presque à du Morbid Angel ou du Malevolent Creation, donc dans la plus pure tradition death-metal : barre de vibrato abusée ou mal-traitée au plus haut point, quelques petites parties de tapping, et beaucoup de phrases assez rapides, beaucoup moins de lignes mélodiques... On reste donc dans les limites définies par le cahier des charges initial : faire du death-metal malsain pour esprit malsain.
Au final, ce disque est une semi-déception : il ressemble beaucoup au précédent, sans avoir les soli inoubliables ou l'influence marquée de la musique contemporaine (voire dodécaphonique) de son aïeul. Il est néanmoins agréable que Nous Pourrissions Lentement avec ces énergumènes.