Sorti en 1993 le premier live de Blind Guardian, "Tokyo Tales", était passé un peu inaperçu son label l'ayant sorti de manière plutôt confidentielle, le genre étant alors peu porteur commercialement. Dix années plus tard, la donne a changé: le groupe a profité de la vague true métal pour devenir un gros nom du métal mélodique et il a sorti deux très grands disques. Ce nouveau live est double et présente pas moins de 22 titres captés partout dans le monde entre 2002 et 2003 pour la tournée "A Night At The Opera". Ce disque, sobrement appelé "Live", est doté d'une pochette splendide, œuvre d'Andreas Marschall, et est logiquement basé sur les trois derniers disques du groupe avec un bel hommage rendu aux premiers classiques.
Pour ce live, Blind Guardian met en valeur son public qui est omniprésent du début à la fin, connaissant les paroles par cœur et nous donnant l'impression d'être au milieu de la foule. Nous ajouterons que la prestation des musiciens est très bonne et bien rendue par un excellent son, clair et puissant. Avec six titres au programme, on comprend que "Imaginations From The Other Side" reste le petit chouchou du public. Placés aux moments clés du concert, dans sa partie centrale notamment, ces chansons confirment tout le bien que l'on pensait d'elles et de leur capacité à bien sonner en concert. Car que ce soit "The Script For My Requiem", "Mordred's Song", "Born In A Mourning Hall", ou encore "A Past And Future Secret", chacun de ces titres possède ce petit truc qui fait la force du groupe en plaçant la mélodie au cœur de son propos, avec des refrains, riffs et soli épiques et marquants. Le titre éponyme de l'album nous achève en 7 minutes de virtuosité heavy-speed qui donnent le tournis, tant ce titre est le symbole du savoir-faire du groupe.
Le concept-album "Nightfall In Midle-Earth" n'est bien sûr pas oublié, et ce sont ses titres les plus emblématiques qui sont mis en avant. Retrouver "Nightfall", "Into The Storm", Mirror, Mirror" et "Time Stands Still" est un plaisir jouissif tant ces chansons épiques sont inoubliables et d'une qualité artistique parfaite, montrant un groupe au meilleur de son inspiration, mêlant heavy métal et heroic-fantasy avec une classe inégalée. "A Night At The Opera" est logiquement bien représenté mais sans plus. Il place 4 titres, quasiment enchainés et, sans être mauvaises, ces chansons sont moins marquantes que leurs ainées. "Harverst Of Sorrow", titre bonus du disque, est une jolie ballade mais manquant de force émotionnelle. Les autres extraits présentent le groupe sous son aspect power métal récent et, à l'image de "The Soulforged" et "Punishment Divine", manquent de ce petit supplément d'âme qui fait la différence. Il en reste des titres pas désagréables mais passe-partout.
Enfin, le début de carrière n'est pas oublié, et retrouver les antiques "Valhalla" et "Majesty" est un réel plaisir tant ces titres anciens, speed et thrash, font partis de l'histoire du groupe. Avec "Welcome To Dying", toujours aussi délicieusement speed, "Lost In The Twilight Hall" ou encore "Journey Through The Dark", Blind Guardian revient sur son passé avec efficacité et nous rappelle la force de ses premiers albums. L'hymne absolu qu'est "The Bard's Song" n'est pas oublié, étant ici joué dans une version qui colle le frisson, tant le public y participe avec intensité.
Avec ce "Live", Blind Guardian signe un bel hommage à ses disques récents et, même si son dernier album est un poil plus faible, on ne boudera pas son plaisir de retrouver ce qui fait la force et la classe du groupe sur scène. Avec ce disque, il signe un best of vivement conseillé pour les amateurs et pour qui veut découvrir le meilleur du heavy métal mélodique et épique à l'allemande.