Englué dans des soucis contractuels avec son label, Cacophonous, Cradle Of Filth va passer l'année 1995 entière en procédures diverses. Dans l'intervalle, il perd ses deux guitaristes, remplacés par le seul Stuart Antis, alors que Damien Gregori remplace Benjamin Ryan aux claviers. "Vempire Or Dark Faerytales In Phallustein" voit le jour en Avril 1996 et ne sert finalement qu'à solder les comptes avec le label Cacophonous, Cradle ayant déjà signé avec la valeur montante, Music For Nations.
Ce qui n'était prévu qu'être un Ep de fin de contrat, écrit et enregistré à cet effet, va devenir le réel 2ème album du groupe anglais au vu de sa durée et surtout de sa qualité bien meilleure que ce l'on pouvait craindre. En 6 titres, dont une reprise du 1er album, et 40 minutes, Cradle Of Filth va confirmer ce que l'on pressentait: un nouveau monstre du métal extrême est bien né en Angleterre. Le groupe a largement progressé, sa production est bien meilleure, Dani maitrise ses hurlements et franchit un pas de géant, les claviers sont à l'honneur et servent à créer une ambiance atmosphérique, violente et sombre, créant un black symphonique de grande classe. Les riffs et soli de guitares, plus discrets, font leur effet quand ils se font entendre, avec toujours cette influence heavy-thrash.
Sur ce disque, Cradle va mettre à l'honneur le sexe, le sang (les photos de l'album sont assez parlantes), le vampirisme, et la luxure au service d'une décadence romantique teintée de gothique. Avec 4 longs titres et deux instrumentaux, le groupe britannique frappe fort. "The Forest Whispers My Name" est complètement retravaillé et en ressort magnifié. Le chant féminin de la petite nouvelle, Sarah Jezebel Deva, apportant une touche noire et sensuelle fascinante. Ensuite et surtout, Cradle nous balance d'immenses nouvelles compositions. Avec "Queen Of Winter, Throned", il tutoie le sublime en 10 minutes tourbillonnantes d'un black tantôt furieux, parfois langoureux, mais avec un rythme haletant la plupart du temps. Dani y alterne, avec bonheur et schizophrénie, chant hurlé et chant grave. Et c'est bien ce mélange entre puissance dévastatrice et ambiances poétiques qui fait la force de la musique de Cradle Of Filth. Et ce n'est pas fini, car avec "Nocturnal Supremacy", plus court et violent, le groupe assoit sa nouvelle autorité sur le monde de l'extrême avec une puissance et une efficacité jouissive qui donne le tournis. Enfin, après un instrumental, "She Mourns A Lenghtening Shadow", digne d'un vieux film d'horreur, le groupe nous achève avec "The Rape And The Ruin Of Angels". En 8 minutes, il fait étal de toute sa classe et de sa capacité à créer un black métal, car le fond le reste bien, qui s'ouvre à de multiples influences avec un facilité écœurante.
"Vempire" est un disque de fin de contrat mais ce n'est pas un disque de fonds de tiroirs. Cradle fait à son désormais ancien label, un noir cadeau royal. Il y démontre un talent formidable pour conter des histoires horrifiques et sensuelles, transformant la décadence en vertu comme personne ne l'avais jamais fait avant. En se créant une imagerie forte, il confirme son emprise sur le métal et pourrait même l'étendre à toute la scène métal avec le temps. Si ce mini album n'est, pour le groupe, qu'une récréation en attendant la suite sérieuse de ses aventures, on tremble d'excitation et de peur à l'idée de découvrir ce que sera le futur album de la bande à Dani.