Les artistes normaux sortent un disque et partent en tournée pour le promouvoir et le présenter au public. Avec "La Forge", Géraud Costet, alias Geraud Bastar a procédé tout autrement. En effet, ce disque est le témoignage d’une série de concerts / spectacles donnée depuis l’été 2010, principalement dans la Massif Central sous le nom de "La Forge" (peut-être une réminiscence du CAP de Serrurier / Forgeron dont il est titulaire).
Au travers de ce qui s'apparente à une sorte de musique « Industrielle organique », Geraud Bastar parvient à faire la jonction, dans un grand écart assez bien maitrisé, entre les Tambours du Bronx, Les Frères Misères et Parabellum. Les vocaux et l’esprit libertaire renvoient ainsi indéniablement à ces derniers, alors que la musique et les thèmes ne sont pas sans évoquer le projet de Mano Solo, les Frères Misères, avec toutefois un sens du rythme, de la cadence devrait-on dire, qui évoque les Tambours du Bronx, sans toutefois le côté martial.
L’ensemble est ambitieux, et cela se ressent notamment au niveau des textes. Empreints de poésie et de hargne, ils sont fréquemment déclamés, plus que chantés, et constituent un des points fort de ce disque. Mais si les morceaux tiennent la route, ils n’apportent pas grand-chose de neuf au regard d’une scène Rock alternative française au sein de laquelle ils s’inscrivent sans dénoter.
Car le Rock énergique, qui flirte parfois avec le Punk Rock, pratiqué ici, est en effet sans surprise. Il n’y a guère qu’au détour d’un "Marie Publique" et ses guitares bien grasses, ou bien d’un "Bettie Page" dont les accents RockaBilly évoquent les Washington Dead Cats, que l’on trouve des ambiances rafraichissantes. Pour le reste, c’est bien produit, bien interprété, on peut même louer le gros travail effectué sur les vocaux qui explorent une palette d’ambiances très variées, mais ce "La Forge" reste trop convenu et trop linéaire pour pleinement convaincre. La pauvreté des mélodies, sacrifiées au profit du rythme n’y est certainement pas étrangère.
La passion et la fibre artistique sont bien présentes, bien palpables, mais elles s’expriment un peu trop au détriment du plaisir d’écoute. Un projet ambitieux, mais un peu fastidieux à écouter.