Si pour certains groupes italiens, le style se rapporte à l’utilisation de sonorités néo-classiques et à une certaine emphase, il n’en va pas de même pour Silver Key. Ce quintette milanais formé dès 1992 a d’abord opéré comme tribute band de Marillion (période Fish, s’il vous plaît !), avant de décider de voler de ses propres ailes. Après maints changements de line-up (le chanteur Yrui Abietti est le seul rescapé de la formation d’origine), il nous livre en cette fin 2012 son premier opus sous le titre “In The Land Of Dreams”.
L’écoute distingue deux parties, les quatre premiers titres, d’un format tout à fait progressif (plus de sept minutes), préludant à une suite épique formée de huit morceaux plus courts et habilement enchaînés. L’ombre du Marillion de la première époque est immédiatement décelable, de l’utilisation des synthés, tourbillonnants, ou de la basse, très présente (cf le motif lancinant de ‘Millenium’) jusqu’au timbre vocal de Yuri, apparenté à celui de Fish (précisément plus proche de celui de Nad Sylvan).
Les amateurs de prog’ des années 90 ne devraient pas être déçus par l’écoute de “In the Land Of Dreams”. Les titres longs tout comme la suite ne manquent pas de profondeur et les enchaînements sont tous très bien maîtrisés. Le son trouve un peu plus de dynamisme avec un léger durcissement des lignes de guitare rythmique (‘The Silver Key’) et une batterie pas mal compressée, si bien que certains titres se retrouvent assez proches des dernières productions d’Arena (‘The Gaunt Man’). Un des points forts de Silver Key est l’habileté avec laquelle le groupe lance ses instrumentaux, souvent en dialogue guitares - claviers, ainsi que son aisance dans les transitions.
Silver Key a donc bien digéré ses influences. Le ton de cet album n’est pas résolument original mais la qualité de l’écriture est bien présente et réjouira les amateurs de progressif de facture classique. Mention très honorable !