C'est pratiquement par surprise qu'arrive en Mai 2001, soit à peine plus de 6 mois après "Midian", le nouvel Ep longue durée de Cradle Of Filth, "Bitter Suites To Succubi". Surprise car "Midian" est encore frais dans les mémoires et qu'entre-temps, Dani a participé à un film d'horreur, "Cradle Of Fear", qui sortira dans la foulée de l'Ep. Cette sortie s'explique par le départ du groupe du label Music For Nations (qui ne survivra plus longtemps), pour créer son label propre, Abracadaver, par l'intermédiaire du géant Sony Music.
Avec le même line-up que pour "Midian", le groupe va proposer quasiment un album complet avec 6 nouveaux titres, une reprise et trois relectures de morceaux de son premier disque. Cet Ep, vu par Dani comme une transition entre "Midian" et le futur album, est une récréation sympathique, bien plus travaillée que le précédent Ep, avec pochette superbe et livret soigné, mais il ne donne pas d'indications sérieuses sur le futur du groupe. Les nouveaux morceaux sont dans la lignée de ceux écrits récemment et peuvent donner l'impression d'être de simples chutes de studio, mais, au vu la forme artistique du combo, ces chansons sont d'excellente qualité. Ainsi, "All Hope In Eclipse", précédé d'un lent et sombre prélude, est un très bon titre de black symphonique, lourd et puissant et doté d'un break atmosphérique très prenant. "Born In A Burial Grow" est très rapide et violent, assez schizophrène, avec de furieuses parties de claviers et un refrain évident hurlé par un Dani possédé. Enfin, "Suicide And Other Comforts" et "Scorched Earth Erotica" sont classiques de la marque de fabrique de la formation, avec ce savant mélange entre black atmosphérique, heavy-thrash à l'ancienne, et passages de claviers symphoniques.
Cradle Of Filth propose ensuite un travail de relecture sur trois titres de son 1er album, et ce traitement agit comme une source de jouvence sur ces excellents morceaux. "Summer Dying Fast", "The Principle Of Evil Made Flesh" et "The Black Goddess Rises" en profitent en gagnant une face death métal et une puissance qu'une très bonne production leur permet de développer. Enfin, avec la reprise de "No Time To Cry", le groupe rend hommage au grand nom du gothique qu'est The Sisters Of Mercy avec aisance, tant les univers artistiques des deux formations sont finalement assez proches.
Il faut voir ce disque comme ce qu'il est: un cadeau pour les fans permettant d'occuper le terrain commercial, avec ses qualités et ses défauts qui en font un produit intéressant mais pas indispensable. Il est en tout cas clair que le groupe prend quelques risques à proposer rapidement des produits en tout genre, surtout si on y ajoute la compilation classique de fin de contrat de Music For Nations, "Lovecraft & Witch Hearts", qui sortira dans la foulée. Cradle Of Filth s'éparpille un peu et ce faisant, déboussole des fans qui risquent de ne plus avoir envie de suivre ce rythme infernal.