Evil Wings est un groupe … italien (votre serviteur y est abonné depuis plusieurs semaines) créé en 1989 et auteur de 4 albums de 1994 à 2003. Ce 'Kaleidoscope' est une sorte de come-back après 9 ans d'absence. Le groupe, mené par le chanteur et guitariste Franco Giaffreda se réclame de la veine progressive d'un rock/Metal fortement orienté 70's. De ce point de vue, le combo ne se mets pas le doigt dans l'œil et se trouve pile dans son créneau comme en témoignent l'ambiance de l'album, à commencer par la pochette, et le son résolument vintage de la plupart des piste.
L'album commence sur les chapeaux de roues avec deux titres exceptionnels ("Kaleidoscope" et "Here and Now"). Le premier, dans un style Hard Rock direct et efficace met en évidence la voix énergique de Franco Giaffreda, sa virtuosité au manche et la cohésion du groupe. Le second, plus technique fait la part belle aux talents de Giaffreda avec de nombreux riffs et soli à tiroirs (on ne peut s'empêcher de penser à Paul Personne pour la frénésie et la dextérité du dernier solo) et laisse entrevoir de belle choses dans la création et la composition. On se dit alors que l'on vient de tomber sur une pépite.
Mais le problème survient dès le troisième titre et cette balade mièvre qu'est "Farewell on Planet F-19". La voix de Franco Giaffreda se fait plus douce et il est beaucoup moins convaincant dans ce registre où des lacunes de justesse, de timbre et d'accent anglais se font cruellement sentir. Cette remarque est également vraie pour le popisant "More Than Reality" qui suit, titre sans intérêt dont le solo, tellement en décalage avec le reste du morceau, semble avoir été ajouté à postériori.
En plein cœur de l'album, Evil Wings propose une longue pièce progressive, "Rygma 12: The Wisdom Of The Sea" à l'intro calme où la voix de Franco n'évite pas les écueils cités plus hauts. Le morceau éclate en plusieurs petites fresques tantôt heavy tantôt planantes se succédant avec plus de réussite que le début mais sans grande originalité. Si l'on sent l'influence des pontes du prog 70's comme Rush on en obtient que rarement la même émotion (court solo oriental à la guitare acoustique vers la 8ème minute).
En fin d'album le groupe nous sert une pièce musclée aux atours psychés vite lassante en raison d'un manque de développement des idées de bases pourtant attrayantes ("Filthy Invader's Dawn) et un dernier titre acoustique dont la fin gazouillante est bien loin de l'impression générale que laisse l'album à l'auditeur, désorienté qu'il est par un tel manque de lignes directrices.
Evil Wings a la fâcheuse tendance à confondre musique progressive et enchaînements décousus. Kaleidoscope porte au final bien son nom puisqu'il contient un patchwork plus ou moins hétéroclite de morceaux sans réel lien entre eux. Malgré une bonne production, les bonnes idées mal exploitées et surtout le manque de liant ajouté à la faiblesse de certains titres n'ont guère laissé de suspens quant à la note finale. Elle aurait pu être bien plus généreuse si la qualité du début de l'album était restée constante.