Le problème avec les albums de Noël c'est qu'ils ne tournent en général qu'un mois par an, dans le meilleur des cas. Neal Morse est parvenu à éviter cet écueil en proposant un album écoutable toute l'année et qui semble avoir été réellement investi par le bonhomme et sa troupe d'amis de toujours. Proposé fin 2011 en téléchargement sur son site officiel (et ne contenant que 7 titres), c’est finalement fin 2012 qu’il sort chez Radiant Records, orné d’une pochette à la Sergent Pepper sur laquelle on retrouve parmi Steve Morse ou encore Mike Portnoy (ainsi que tous les autres musiciens ayant participés à cette aventure) des personnages comme Henri VIII, Gandhi, Mao Zedong, George Harrison et même notre ancien président Nicolas Sarkozy.
Et côté contenu, en dehors de quelques clochettes, du glockenspiel ça et là et bien entendu des bribes de mélodies ne pouvant qu’évoquer l’homme en rouge, c’est bel et bien à du Prog pur jus (le nom du groupe et le titre de l’album insistent juste un peu là-dessus) auquel nous avons affaire. Alors bien sûr il évoque Transatlantic, surtout, Spock’s Beard également mais aussi The Flower Kings voire même Kaipa par certains côtés joyeux et intemporels.
La majorité des titres sont instrumentaux en dehors de 'Hark ! The Herald Angels Sing', un poème des siècles passés aux accents Pop très enjoués et qui n’aurait pas dépareillé sur "Day For Night" de Spock’s Beard et 'The Little Drummer Boy'. Ce dernier titre, à l’instar du 'Joy To The World' d’ouverture est une superbe pièce progressive. Démarrant sur une intro volontairement pompeuse garnie de rumpupumpum tout en retenue (c’en est presque comique), elle explose au son de la batterie de Portnoy en Rock Progressif pêchu et cintré contenant de beaux soli de la paire Morse (Neal aux claviers et Steve à la guitare).
'Joy To The World' rappelle quant à lui plus les Flower Kings, la guitare de Roine Stolt oblige, et n’évoque une fois de plus que très peu l’esprit de Noël tant la mélodie originelle est malmenée avec classe et passion. Ici, les sommets épiques et sonores du duo Morse/Portnoy côtoient de douces plages éthérées sur lesquelles glisse la guitare de Steve Hackett. Dans la même veine, la célèbre mélodie de 'Carol Of The Bell' passée à la sauce Morse propose huit minutes de claviers multistrates parmi lesquels moog, mellotron, orgue et autres sons de claviers vintages ou plus modernes. Tout sauf bâclés, ces titres ne déméritent pas face aux compos de l’artiste et se révèlent rapidement arrangés, captivants et superbement interprétés. Et puisque ce type de marrons est sur le feu, ajoutons 'Frankincense' qui Rock fort et mélange avec habileté le solide 'Frankenstein' d’Edgar Winter et diverses bribes de mélodies de Noël. Un bon moment assuré !
Voici les douceurs, de celles qui révèlent tout le talent de Neal dans le registre de l’émotion. Elles se nomment 'O Holy Night' et donne dans l’acoustique intimiste, 'The Christmas Song' et brille par sa basse omniprésente et aussi chaleureuse que l’âtre évoqué ou encore 'Silent Night' qui voit Transatlantic au grand complet fermer le bal en l’associant à un titre de son cru. La présence de violon apporte un côté Country bienvenu qui, associé au génie au dirigeable (l'autre), sort ce titre mille fois entendu de son statut de "has been".
La fin de l’album sera quant à elle plus légère avec deux titres plus décalés : 'Home For The Holiday' est une sorte de Bluegrass anecdotique mais attachant et 'Shred Ride-Sled Ride/Winter Wonderland' une descente de luge folle sur fond de jeu vidéo des 80’s où la guitare de Paul Bielatowicz explose entre deux duels basse/claviers véloces et jouissifs.
Fans des groupes précités et du grand Neal Morse, laissez vous convaincre par cet album pas si Noël que ça (qui a dit nunuche !?), quelques très bons moments vous seront assurés.