Sur la bonne voie ! Oui, ces Finlandais amateurs de doom (quel pléonasme !) sont effectivement sur la bonne voie, et leur première véritable offrande en atteste. On les avait découvert avec ce qui n’était en fait que la réunion de leurs deux démos, Brief Encounter et I Am The Gate et aussitôt, le spectre du défunt Reverend Bizarre avait surgit des limbes pour décrire cet agrégat sans doute un peu trop marqué par l’influence de son aîné. The Serpent Coven ne corrige pas le tire à ce niveau, The Wandering Midget donnant toujours l’impression d’avoir un peu trop biberonné l’œuvre du groupe de Peter Vicar (le chant de Samuel Wormius notamment, pour excellent qu’il soit, demeure toujours cette photocopie de celui d’Albert Witchfinder), mais il témoigne d’incontestables progrès en terme de composition.
Alors certes, il est évident que ce jeune trio (tiens donc !) n’atteindra jamais la dimension mythologique du Reverend ni son aura et encore moins son génie, il s’en rapproche pourtant néanmoins. Il suffit d’écouter le grandiose "Taynia", aussi envoûtant que pachydermique, pour s’en rendre compte, bien qu’il s’agisse sans doute du titre qui évoque le plus qui vous savez. Plus personnel est "Family Curse", étouffante descente dans les abîmes, moins monolithique qu’il n’y paraît car traversée par diverses ambiances.
Au menu de cet album donc, six morceaux, six longues échappées dans les méandres d’un doom séculaire et intégriste d’une pureté quasi-virginale, qui renvoie à une époque lointaine où le genre n’avait pas (encore) copulé avec d’autres. The Wandering Midget est le porte-étendard d’une musique noble, minée par une gravité souterraine. Son doom, à la production très sèche, se déploie sous la forme de pistes (forcément) lancinantes qui ne passent que très rarement la seconde (ça arrive cependant) et d’une pesanteur digne d’un porte-avions. Les intros prennent leur temps, comme il se doit, et l'on entre souvent dans le vif du sujet qu’après de longs instants d’agonie, quand survient le chant empreint d’une solennité presque religieuse, à l’image du terrible "Bring Forth The Accused".
Les Finlandais ne cherchent donc pas à révolutionner le culte. Au contraire, ils l’honorent avec respect et sincérité. A ce titre, le superbe "The Serpent Coven" est une leçon. Pourtant, même si c’est encore timide, on sent chez eux un désir d’émancipation vis-à-vis de leur modèle, comme l’illustrent les miettes qu’ils picorent auprès des années 70 ("Bring Forth The Acussed", encore lui). De fait, si Reverend Bizarre se nourrissait de la NWOBHM, The Wandering Midget semble davantage enclin à aller s’abreuver dans la source de la décennie précédent ce mouvement.
Dans tous les cas, le groupe vient d’offrir avec The Serpent Coven, un très grand disque de doom-metal qui laisse entrevoir un avenir passionnant, et annonciateur de plus grandes choses encore pour ses géniteurs. Un futur grand ? C’est ce qu’on leur souhaite.