Deux albums consécutifs à une année d'intervalle, voilà un rythme auquel le couple Nettermalm ne nous avait guère habitué. Et après le sobre mais néanmoins plaisant Breathing, c'est avec une certaine impatience que nous attendions la suite de l'évolution de Paatos.
Et c'est avec un certain étonnement que l'auditeur va recevoir une claque formidable à l'écoute de Feel, plage introductive posée sur une session rythmique en béton, associée à moult riffs de guitares au son délibérément sale, tandis qu'en contraste la voix toujours aussi suave de Petronella vient distiller ses intonations toutes nordiques. Gros changement de style pour une ambiance ultra sombre ! Et quelle réussite ! Desire propose ensuite la même recette, avec toutefois moins de succès, en raison d'une trop grande similitude avec son prédécesseur.
La couleur de l'album semble alors donnée, sorte de mélange entre Porcupine Tree, The Gathering première époque et Cocteau Twins pour le côté vocal éthéré. Mais, revirement de bord avec Cold War et Into the Flames, chansons "pop prog" bien propres sur elles et plutôt enjouées, se positionnant plus dans la mouvance de leurs précédents albums. Pas inintéressant, mais plutôt inattendu compte tenu de l'entame musclée. Malgré tout, voilà 20 minutes enthousiasmantes, au cours desquelles on regrettera toutefois, et c'est une constante avec ce groupe, le manque d'ambition qui amènerait Paatos à développer un peu plus ses idées sous la forme d'envolées instrumentales.
Ensuite ? Rien, ou presque. Quatre reprises tirées de chacun des quatre premiers albums du groupe : deux sont "revisitées" sous une forme acoustique minimaliste, voix/guitare, tandis que les deux suivantes sont remixées façon "Buddha Bar", le tout produisant de la musique oscillant là encore entre Björk et Cocteau Twins. Tout cela s'avère de peu d'intérêt et surtout en total décalage avec la première moitié "inédite" de l'album.
Demi-album, V se révèle comme une véritable déception laissant un sérieux goût d'inachevé aux oreilles de l'auditeur qui se sentira frustré par la demi-offrande inédite proposée par cette courte galette, et ce quelle qu'en soit la qualité. On pourra toujours s'interroger sur l'opportunité "commerciale" de sortir un album conçu de la sorte. Pas sûr en tout cas que le groupe y gagne beaucoup de nouveaux adeptes.