Publié à l'origine en août 2004 grâce à Final Chapter Records, ... The Awakening, première enclume de The Gates Of Slumber, a droit aujourd'hui à une seconde vie, agrémenté pour l'occasion d'un titre supplémentaire en guise de bonus ("The Cloacked Figure") de près de 10 minutes tout de même, cependant que sa pochette a troqué "Le triomphe de la mort" de Bruegel pour une illustration de Ken Kelly, célèbre artiste d'Heroic Fantasy dont le travail a habillé de nombreux albums de Rock, du Rising de Rainbow à ceux de Manowar, du Open Fire de Alabama Thunder Pussy à Suffer No Guilt son successeur, justement .
Ce choix n'est pas anodin en cela qu'il révèle bien l'évolution que le Doom des Américains a connu, d'obédience sabbathienne à ses débuts, plus épique et Heavy Metal ensuite bien que toujours traditionnel, faisant du groupe une version surpuissante et tellurique de Manilla Road et de Cirith Ungol. Ayant désormais fixé son identité, aussi bien sonore que visuelle, il est naturel que le trio, au moment de rééditer ... The Awakening, offre à celui-ci un écrin selon son coeur et son inspiration mythologique.
S'il sonne moins Heavy Metal que les disques à venir, son contenu reste huit ans après sa réalisation, un pur concentré de riffs plombés que n'aurait effectivement pas renié le Black Sabbath originel, d'autant plus que le chant du guitariste Karl Simon n'est parfois pas si éloigné que cela du timbre d'Ozzy Osbourne. Préparé part trois démos étalées entre 2000 et 2004, ce coup d'essai s'avère être aussi un coup de maître, distillant une atmosphère écrasante d'apocalypse, celle de la fin du Moyen-Age, que sculptent des guitares minées par une gravité pétrifiée et une rythmique de mammouth.
Entre les deux sentinelles massives et sabbathiennes que sont le titre éponyme et "The Burial" de plus de 9 minutes au compteur chacune, l'opus enchaîne une poignée de brulôts où les racines Heavy remontent à la surface, à l'image des rapides "The Executioner" et "Broken On The Wheel" que pourfend un solo jouissif, sédiments qui ne cachent toutefois jamais vraiment un socle Doom épais et rugueux, comme le montrent les pachydermiques "The Judge" et "The Jury" où les Ricains ne passent jamais la seconde, englués dans une couche terreuse.
Premier jalon d'une discographie extrêmement riche, The Awakening est un très bon disque, sombre et trapu dont l'intensité ne retombe à aucun moment bien que le style de The Gates Of Slumber soit encore en gestation. Deux ans plus tard, Suffer No Guilt, en axant davantage vers le Heavy épique, fixera durablement celui-ci, confirmant la place de ses géniteurs parmi les hérauts du Doom US.