Décidément toujours victime de priapisme créatif, The Gates Of Slumber vidange déjà une nouvelle enclume alors que l'année précédente l'a vu tout de même délivrer un split, un album et un EP ! Si la qualité est au rendez-vous, on ne se plaindra pas de cet heureux stakhanovisme. Et ça l'est ! Véritable héritier d'une certaine tradition initiée par les vétérans Manilla Road et Cirith Ungol, The Gates Of Slumber, ce sont des visuels empruntés à l'heroic-fantasy. Ce sont également des riffs épais, coulés dans une substance terreuse. C'est une voix, celle de Karl Simon, un peu juste parfois, mais qui se fond parfaitement dans l'ensemble. C'est enfin ce doom épique et biberonné au grand heavy-metal, celui de la NWOBHM notamment.
Et d'ailleurs, plus les années passent et plus le trio tète cette mamelle grasse et généreuse. Cette évolution s'avère des plus évidentes sur ce Hymns Of Blood And Thunder au titre en forme de déclaration, de profession de foi. Les Américains y éjaculent une musique lourde, massive, celle qui sent sous les bras, celle pour un public de barbus tatoués accrochés à leur binouze dans un rade de l'Amérique profonde (ce n'est pas une critique).
Les trois premières salves sont des brûlots graisseux, plus heavy que doom, accrocheurs et imparables : "Chaos Calling", strié d'un solo éblouissant, "Death Dealer" et "Beneath The Eyes Of Mars" et son entame du feu de dieu. Avec l'imposant "The Doom Of Aceldama", The Gates Of Slumber renoue avec le pur doom de mammouth malgré les lignes de guitares presque maideniennes qui le traversent de la plus belle des manières (quel final !). Intermède instrumental décharné, "Age Of Sorrow" marque une pause avant le guerrier "The Bringer Of War" qui décape tout sur son passage.
Puis l'apogée de l'album, l'abyssal "Descent Into Madness", survient, épopée pachydermique riche d'une seconde partie lente et belle à en pleurer. Hymns Of Blood And Thunder enfin, meurt sur trois titres plus ramassés, dont l'étonnant mais très réussi, "The Mist In The Mourning", où une voix féminine vient copuler avec celle de Simon.
Désormais signé chez Lee Dorrian (Rise Above) et mis en bouteille par le très demandé Sandford Parker (Nachtmystium), The Gates Of Slumber livre en définitive son œuvre la plus accessible à ce jour. Ce n'est pas grave ! Ce qui l'est davantage en revanche, c'est le fait que le groupe a perdu en chemin son côté sombre, voire occulte qu'il pouvait afficher autrefois au profit d'un heavy-doom certes colossal et couillu, mais un peu trop classique cependant. Reste un très bon disque, mais ses auteurs ont déjà fait bien mieux.