Le Glam est un genre musical assez difficile à cerner dès lors que l’on s’attarde sur les qualités musicales plus que sur les éléments vestimentaires. Dans les années septante, il intégrait Slade, Sweet, T-Rex, mais aussi Roxy Music et Bowie. Il a connu un premier revival dans les années 80 avec des groupes de hard melo (Poison, Ratt, ou Motley Crüe) à l’accoutrement très visuel combiné à une musique péchue et mélodique plus proche de Slade ou de Sweet que de Bowie ! Combinant les aspects scintillants de l’audio et du visuel, plusieurs groupes connaissent depuis quelques années maintenant un succès grandissant ; et la vague vient du Nord avec des groupes comme Wig Wam, Poodles ou Crazy Lixx.
Intégrant les codes du genre, Crashdiet a connu des débuts fulgurants, hélas stoppés net par le suicide de leur chanteur Dave Lepard. Après quelques hésitations, ils sont repartis sur la route et offrent maintenant leur quatrième album, et le second avec une formation inchangée. Le précédent était un petit joyau de mélodies et de glam teinté de métal, la voix de Simon Cruz se prêtant à de multiples variations de style.
Il était intéressant de voir si ce nouvel album, "The Savage Playground", allait confirmer les promesses du précédent. Le parrainage d’un gros label est souvent à double tranchant car les attentes des investisseurs est souvent trop grande. La première écoute laisse d’ailleurs place à une impression dubitative, le son semblant à la fois grossi pour sonner "américain à la Nickleback" et un peu lissé. L'opus est parsemé de chœurs et de mélodies très (trop) feutrées ("California", "Got A Reason") où l’ami Simon Cruz parait bien plus bridé que sur l’album précédent.
Passée cette double déception, l’album s’écoute et se réécoute avec un grand plaisir, les différents titres prenant petit à petit plus d’ampleur et la production révélant son lot de petits gimmicks accrocheurs (le riff U2 sur "Excited", les sifflements de serpent sur "Snakes In Paradise"). Le single "Cocaïne" est cependant symptomatique du désir de "conquérir" l’Amérique, projet qui a déjà brûlé les ailes de plus d’un groupe talentueux (Slade, Accept, ...). Les guitares sont aussi gonflées que les performances des joueurs de la NBA, et la voix de Cruz plus trafiquée que les victoires de Lance Amstrong. Comme dans les deux cas précités, le résultat est pourtant très efficace. Beaucoup de titres pourraient remercier Def Leppard ou Dokken à leur sommet ("Anarchy", "Circus"), mais ils le font avec un talent tellement certain que le pardon leur est immédiatement accordé.
Dernier bémol, si toutes les plages sont plus que sympathiques, il manque quelques grosses cartouches (comme par exemple "Snakes in Paradise") qui nous auraient fait oublier les défauts précités. Dans "Garden Of Babylon", Simon et ses sbires se lâchent enfin un peu et les 7 minutes tiennent la route, lorgnant vers le côté sombre et inspiré d’un Lilian Axe (peut-être une piste à suivre).
Un cran en dessous du précédent, voilà donc un album très appréciable qui égrène sa musique sans trop perturber vos activités professionnelles ou ménagères.