Groupe fondé au milieu des années 80 avec pour ambition de maintenir vivante la flamme psychédélique, et après avoir publié ses premières œuvres en cassette (!), puis deux CD sur feu le label Delerium (dont on retrouve un extrait sur l'excellente compilation proposée par Esoteric Recordings en 2011), Omnia Opera nous produit un nouvel album après une mise en sommeil de près de 12 années et une réunion opérée pour célébrer le 20è anniversaire du groupe en 2006. Et comme pour se faire pardonner cette longue période de silence, ce sont pas moins de deux heures de musique qui attendent l'auditeur qui aura la curiosité de se plonger dans Nothing is Ordinary.
Décrire la musique d'Omnia Opera relève de la gageure, celle-ci conjuguant à la fois folie créatrice et improvisation, que l'on pourrait résumer sous le vocable de space prog psychédélique. Du space, le groupe reprend les structures ultra-répétitives, basées sur une section rythmique omniprésente au sein de laquelle la basse sature une bonne partie de l'espace sonore. Un titre comme Destroyer of Worlds flirte ainsi avec du Drum n'bass. Les synthés couplés à de nombreux effets apportent la touche spatiale inhérente au genre, qui rapproche ainsi le groupe d'Hawkwind. Côté psychédélique, l'influence de Syd Barrett en version Pink Floyd est également bien présente, tant dans l'intonation des voix et de certaines interventions à la limite du hurlement, que sur les constructions des différents titres.
Mais, au-delà du simple hommage à la musique sous influence composée dans les années 60-70s, Omnia Opera ajoute à ses différents titres une puissance de folie, surchargeant un peu plus l'espace sonore au fur et à mesure des répétitions de chaque thème, à grands coups de guitares saturées et effets électroniques, produisant ainsi une sorte de transe répétitive sur une rythmique endiablée qui emmènera l'auditeur vers un ailleurs que certains rendront probablement plus accessible à l'aide de quelques "stimulants".
Pour l'auditeur lambda, la sauce se révèle tout d'abord enthousiasmante, tant la puissance de chaque morceau s'avère prenante. Mais rapidement, le côté répétitif au sein de chaque titre, dont les durées s'allongent pour laisser place à des parties qui semblent improvisées (rapprochant en cela le groupe du collectif Oresund Space Collective), finit par lasser et rend l'écoute du premier CD bien difficile d'une seule traite. La deuxième partie de l'album propose quant à elle quelques plages plus expérimentales, permettant de mieux digérer les nouveaux brûlots répétitifs que sont par exemple Big Brother ou Under the Sun, mais le ressenti final sera celui d'un trop-plein sonore, finissant par provoquer le rejet.
Vous l'aurez compris, Nothing is Ordinary est une galette à ne pas mettre entre toutes les oreilles, du moins pas selon la haute dose proposée par Omnia Opera tout du long de ces deux heures qui se révèlent bien exigeantes. Néanmoins, nul doute que dans une version condensée ou partielle, le propos distillé par le groupe, mélange de références au passé et de modernité, pourrait séduire un plus grand nombre d'amateurs.