Tête pensante de Magenta et autres projets annexes, Rob Reed nous présente l'aboutissement de quatre années de travail, au service d'un projet ambitieux se voulant l'égal des albums des maîtres du rock progressif, ceux qui l'inspirent depuis toujours et guident ses réalisations.
Sous l'appellation de Kompendium, c'est une véritable "dream team" que l'un des leaders du néo-progressif britannique a réuni autour de lui pour dérouler son concept, basé sur l'histoire d'un marin ayant survécu à un naufrage, mais venant de perdre son épouse Lily et cherchant à la rejoindre "par delà les vagues de l'océan".
Je ne ferais pas ici l'injure de reprendre le pédigrée des différents intervenants, mais aux côtés de ses habituels complices de Magenta, Christina Booth et Chris Fry, de quelques stars du néo-progressif, John Mitchell, Nick Barrett et Gavin Harrison, Rob Reed a convié à ses agapes un certain Steve Hackett et son habituel bassiste Nick Beggs usant cette fois du Chapman Stick, ou encore Francis Dunnery, mais aussi Steve Balsamo, interprète principal de la comédie musicale Jesus Christ superstar.
Pour accompagner tout ce beau monde, rien de tel qu'un orchestre symphonique, un chœur au grand complet et l'incontournable Troy Donockley, sollicité comme jamais pour donner une magnifique coloration celtique à l'ensemble. Emballez le tout dans un superbe album au format inhabituel (taille d'un 45 T !), accompagné d'un livret exhaustif aux illustrations soignées et d'un DVD proposant l'album en format 5.1 ainsi que quelques "clips", et vous obtenez un objet qui pourrait faire école quant à la volonté de conserver coûte que coûte la musique sous un format physique.
Du côté de la musique justement, l'auditeur se voit proposer en 67 minutes une véritable symphonie progressive, reprenant une bonne partie des ingrédients habituels de Rob Reed. Les thèmes principaux présentent des mélodies soignées faisant la part belle aux passages instrumentaux. De manière très régulière, notre auteur y incorpore des éléments de folklore celtique, parties intégrantes des différents morceaux. La présence de l'orchestre de cordes développe un symphonisme chatoyant et majestueux, tant en accompagnement de l'instrumentation rock que lors de parties lui étant totalement dédiées. Pour renforcer cette coloration, des chanteurs lyriques viennent porter une partie des vocaux offrant une émotion rare (Exordium), tandis que les chœurs donnent une ampleur sans précédent aux arrangements très travaillés (The Storm).
Et puis, comment ne pas relever les interventions magiques de Troy Donocley qui, avec sa cornemuse irlandaise ou ses flûtes, apporte une celtic-touch incroyable, de celle qui amène moult émotions quand elle est directement mêlée aux autres intervenants (la superposition avec des chœurs à la Carmina Burana dans The Storm est à ce titre particulièrement incroyable). Alternant avec justesse et bonheur titres majestueux et ambitieux (Exordium, The Storm), émotions pures (Lily et sa voix féminine tout juste soutenue par un violoncelle et la guitare sèche de Maître Hackett), passages symphoniques et celtiques, Rob Reed réussit à plonger l'auditeur dans un monde d'émotions dont on souhaiterait qu'il se prolonge par delà la durée de l'album, et ce malgré le côté tragique de l'histoire.
Album à déguster d'une seule traite dans des conditions optimales d'écoute, Beneath the Waves se révèle à la hauteur des moyens mis en œuvre par son géniteur. Comment dans ce cas ne pas l'encourager à persévérer dans cette voie ? Amis lecteurs, vous savez ce qu'il vous reste à faire …