Après avoir enfanté il y a deux ans un premier album détenteur du petit charme de l’artisanat, The Gardnerz livre avec It All Fades non pas le successeur de The System Of Nature mais un simple EP, format injustement mal aimé sinon négligé car souvent synonyme de petite chose faisant office de bouche-trou. A tort. A leur mesure, modeste, les Suédois le démontrent.
D’une part en faisant franchir à It All Fades la barre des 30 minutes, durée que, rappelons-le, certains "vrais" disques ne dépassent parfois même pas ou de peu et d’autre part grâce à la qualité certaine d’un menu dont les six titres suffisent à porter sur leurs auteurs une oreille bienveillante.
Avec bonheur, The Gardnerz restaure le Death/Doom de série B des années 90 avec ce chant caverneux qui râpe, ces guitares engourdies par la désolation et cette prise de son sans afféteries. Par contre, si vous espérez déceler chez lui une quelconque trace de son origine géographique notamment ce grain à la suédoise, vous en serez pour vos frais car, hormis le visuel bien old school de Daniel "Devilish" Johnsson, rien ne permet vraiment d'identifier la nationalité de It All Fades dont les surprenantes racines sud-américaines (mixage réalisé à Santiago et présence d'un bassiste chilien) affleurent quant à elles presque davantage à la surface.
Ce n'est pas la seule surprise de cet essai. L'une d'entre elles et pas des moindres, étant cette curieuse relecture du "Transilvanian Hunger" de Darkthrone, transformé en ballade acoustique que caressent des lignes vocales féminines et pour le coup franchement méconnaissable. C'est une réussite. Lourds et rocailleux, les cinq autres titres sont jalonnés de modelés séduisants ("Don't Look Back", "A Horrible Desease"), qu'irriguent des riffs tour à tour pétrifiés dans la roche ou vecteurs de mélodies pleines d'une finesse étonnante.
Dommage en revanche que le chant de Niclas Ankarbranth ne sorte jamais des sentiers battus et que l'ensemble manque de puissance sinon d'envergure, seuls bémols qui ne grèvent néanmoins en rien le plaisir que l'on ressent lors de la découverte de ce petit groupe, qui le restera sans doute... Ce qui ne doit pas empêcher les amateurs de Doom Death à l'ancienne de jeter une oreille sur cette sympathique offrande.